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Chères Jessica et Gabriella : Pendant une course dans ma jeunesse, je suis passé devant un autre bateau qui avait la priorité et nous sommes entrés en collision. De toute évidence, je ne faisais pas suffisamment attention aux bateaux autour de moi. C’était de ma faute. Pour le Vendée Globe 2008, nous avions un autre bateau : Great American III. C’était un 60 pieds IMOCA de la génération 2000, conçu par Bernard Nivelt et construit par Thierry Dubois qui avait couru plusieurs courses avec. Je l’avais ramené aux États-Unis depuis la France, seul à bord, pour voir s’il y avait des modifications à lui apporter. Pendant la cinquième nuit, à 55 degrés Nord, nous avons heurté un objet flottant, vers 1 heure du matin en pleine obscurité. Nous filions à 12 nœuds environ, au portant, et il y a eu 3 chocs qui ont ralenti le bateau à 8 nœuds, 4 nœuds et finalement 0 nœuds. C’était la proue qui avait d’abord tapé, et s’était fissurée, puis la dérive placée dans l’axe du bateau, qui s’était cassée, et ensuite un des deux safrans, cassé lui aussi. La quille n’avait pas souffert. J’ai réussi à basculer la quille au maximum, pour faire gîter le bateau sur le bord au vent (j’avais aussi affalé la grand-voile à la hâte). De cette manière, le safran au vent, qui était resté intact, était remis complètement dans l’eau et permettait ainsi au pilote automatique de gouverner le bateau. J’avais un safran de rechange à bord. Je n’avais jamais remplacé un safran auparavant, mais il fallait que je comprenne rapidement comment faire. 14 heures plus tard, le safran était remplacé et nous pouvions poursuivre notre route. Le choc contre la dérive avait fait un trou dans la coque, mais heureusement au niveau de notre unique ballast. L’eau qui entrait pouvait donc être évacuée simplement à l’aide du dispositif de vidage et remplissage du ballast. Nous sommes arrivés sans encombre à Portland, Maine, une quinzaine de jours plus tard. J’avais eu très peur.

Question posée par Jessica et Gabriella, West Newbury MA, États-Unis