Cher Christopher, je suis asthmatique depuis l’âge d’un an. Autrement dit, je l’ai été toute ma vie. La grande difficulté, quand j’étais enfant, était qu’il n’existait pas de traitement que l’on puisse prendre chez soi. Je devais aller à l’hôpital, en cas de crise d’asthme sévère, où l’on m’administrait une injection d’épinéphrine (adrénaline). Ma mère a finalement appris comment m’administrer ces injections. Elle faisait bouillir de l’eau, stérilisait l’aiguille hypodermique, dans laquelle elle aspirait l’épinéphrine, et effectuait l’injection. Il n’était absolument pas question d’en effectuer une tous les jours, mais uniquement en cas d’urgence.
Le plus difficile, pour moi, était que je voulais sortir et jouer avec mes copains, ce qui voulait dire courir, jouer à cache-cache, au football américain, au foot – le tout dans l’herbe et au milieu des arbres et des fleurs, auxquels j’étais allergique. C’était dur car cela me donnait de l’asthme, mais je refusais de rester à l’intérieur et de m’interdire de jouer avec mes amis. Je faisais tout mon possible, et me retrouvais horriblement essoufflé. Je suis certain que c’est ce qui m’a permis d’acquérir la détermination et la persévérance dont je suis doué. Il fallait que je me prouve que je pouvais faire ce que je voulais. Et je crois que l’asthme est l’une des raisons de ma présence ici dans ce Vendée Globe. Il s’agit là encore de me prouver que l’asthme n’est pas une contrainte qui puisse m’empêcher de faire ce dont j’ai envie.
Cette situation a perduré jusqu’au lycée. Le premier bronchodilatateur a alors été mis sur le marché. C’était incroyable ! Ça m’aidait à respirer ! Des médecins et des scientifiques s’étaient consacrés à l’étude de l’asthme, fort heureusement, et à la mise au point de ce médicament et de ceux qui ont suivi.
Il existe, aujourd’hui, cinq catégories de médicaments contre l’asthme. J’ai utilisé les cinq catégories de médicaments, à différentes périodes de ma vie. J’en utilise quatre sur le bateau : le bronchodilatateur à effet immédiat (albutérol) et le bronchodilatateur à longue durée d’action (Serevent), en association avec un corticostéroïde (béclométhasone) et un autre bronchodilatateur (théophylline).
Je prends mes médicaments tous les jours, à l’heure, de manière très disciplinée. Je crois aussi qu’une personne asthmatique doit pouvoir devenir son propre médecin. Elle doit arriver à savoir ce qui est susceptible de l’aider et de favoriser son asthme, de manière à en faire part à son spécialiste, qui puisse alors utiliser cette information pour mieux la soigner.
Question envoyée par Christopher, 8 ans, via News-O-Matic