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Rich Wilson, à propos de son asthme…    

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J’ai de l’asthme depuis l’âge d’un an. Il n’existait alors aucun médicament qui puisse me soulager en cas de crise. Le premier inhalateur contre l’asthme a été mis au point quand j’avais sept ans. Je ressemblais à cet appareil médical qu’on utilise, avec sa poire en caoutchouc à une extrémité, tout un tas de compartiments au milieu, et son orifice à l’autre bout. Ma mère utilisait un compte-gouttes pour verser le médicament dans les compartiments, puis elle pressait la poire, qui faisait passer l’air à travers le médicament, produisant une buée que j’inhalais. Mais cet engin, étonnamment, m’a aidé, raison pour laquelle j’en garde un souvenir si précis.

J’avais beaucoup de mal à tenir le rythme, avec mes amis, quand nous jouions dehors ou que nous faisions du sport à l’école. Mes amis ne comprenaient pas vraiment mon problème d’asthme, mais ce n’était pas de leur faute, car ils n’en avaient pas, et il faut avoir soi-même de l’asthme pour savoir ce que c’est.

Je voulais absolument pouvoir jouer avec eux, et faisais d’incroyables efforts pour y arriver. Je crois que c’est ce qui m’a permis d’acquérir un tel mental, car il était hors de question d’abandonner, quelles que soient mes difficultés à respirer.

3-rbw-asthma-flowvolume-graph-20090923-rednormal-blackwilsonJ’étais allergique aux feuilles, à l’herbe, aux arbres, aux fleurs, au chat de ma sœur, à tous les chiens, à la poussière de la maison et, en hiver, aux couvertures et aux tapis en laine, à la fumée… Bref à presque tout, même aux œufs, au raisin, aux petits poids et au chocolat ! Et un sandwich au beurre de cacahuètes ? Ça aurait pu me tuer.

L’asthme, chez certains, avec le temps, finit par disparaître. Mais ça n’a pas été le cas pour moi. J’ai alors commencé à réaliser que si ça devait durer, je devrais y faire face le plus intelligemment possible. Il faudrait que je fasse très attention à tout ce qui me donnait de l’asthme, et que je fasse en sorte de l’éviter. C’est en spécialiste de mon propre corps qu’il fallait que je me transforme, car même si je voyais mon médecin deux fois par an, pendant une demie heure, cela ne représentait qu’une heure par an. Et c’est moi qui devais vivre dans ce corps, le reste de l’année, pas lui. J’ai donc dû me montrer le plus intelligent possible pour l’aider à m’aider à gérer mon asthme.

asthma-drugsJe devais donc faire preuve d’intelligence, pour l’aider à m’aider. Cela voulait dire que même si la posologie des traitements, au fur et à mesure qu’ils étaient mis au point, paraissait particulièrement compliquée – et j’avais l’impression d’y consacrer toute ma journée, tous les jours –, c’est ce qui me permettait de faire tout le reste.

Je suis né le 19 avril, la Journée des patriotes, célébrée ici à Boston en mémoire de l’alerte donnée par Paul Revere sur son cheval quant à l’arrivée des Britanniques. Le marathon de Boston est organisé ce jour-là. Nous vivions à l’extérieur de Boston, à un pâté de maison des fameuses « Collines de Newton », qui semblaient faire et défaire les champions de la course. J’ai toujours rêvé de participer à ce marathon couru le jour de mon anniversaire. Je me suis donc mis à courir, une année, progressivement, soufflant et haletant au début. Il fallait que je me renforce, tant au niveau des jambes que des poumons. C’était douloureux, mais je courais, toujours un peu plus, et puis j’ai fini par participer à une course de cinq kilomètres, puis huit, et jusqu’à 16 un jour. J’ai alors commencé à me dire que je pourrais peut-être vraiment courir le marathon de Boston un jour. Je l’ai effectivement couru, en 1982, jusqu’au bout, et de nouveau trois fois depuis. Je courais avec un inhalateur coincé dans l’élastique de mon short, au cas où j’en aurais besoin, mais cela n’a quasiment jamais été le cas.

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Curtana – 1ère place, course Carlsberg transatlantique en solitaire de 1988 de classe V

C’est la confiance que j’ai gagnée, grâce à ces efforts, qui ont fait que j’ai commencé à envisager d’effectuer de longs périples en mer, comme je le fais depuis 10 ans. En grandissant, je me suis mis à me documenter sur les grands navigateurs solitaires – l’Américain Joshua Slocum, l’Anglais Francis Chichester, le Français Bernard Moitessier –, et à rêver à leurs exploits. Je me demandais si je serais capable, un jour, de faire comme eux, si je pourrais faire preuve de la même force, du même courage et de la même intelligence qu’eux. Je n’en étais pas certain, mais il fallait que j’essaie.

C’est ainsi que j’ai participé, en 1988, à la course de la traversée en solitaire de l’Atlantique, d’une longueur de 3 000 milles. Ça m’a pris 21 jours. C’est au cours de cette course que j’ai acquis ma réputation. J’avais atteint mon objectif. Mon asthme ne m’a gêné en rien, car je l’ai géré tout comme on le ferait d’une tempête en mer, en rassemblant toutes les données nécessaires, en élaborant un plan pour l’affronter et en le mettant à exécution. C’est la même chose pour l’asthme, vous surveillez votre débitmètre de pointe, vous identifiez les causes de vos crises d’asthme. Et vous en faites part à votre médecin, de manière à ce qu’il vous prescrive les médicaments adéquats, que vous prenez selon la posologie définie, afin par ailleurs de pouvoir vous livrer à toutes vos activités.

Je n’ai jamais pu me débarrasser de mon asthme, donc je continue de surveiller mon débitmètre de pointe et de prendre les quatre médicaments de mon traitement, tous les jours, pour maîtriser mon asthme. Mais j’ai appris que si je me montrais suffisamment intelligent et discipliné, je pouvais vivre avec et faire, par ailleurs, ce que bon me semblait.

Nous y voilà donc à nouveau, sur le point d’accomplir un autre rêve : le Vendée Globe 2016. Nous naviguerons jour et nuit, sur 24 000 milles nautiques, à bord du Great American IV, pendant environ 15 semaines. J’ai préparé mes médicaments, mais ils font juste partie du programme de chacune de mes journées, comme les repas. Ils ne sont pas un problème, juste une discipline à laquelle je fais en sorte de me tenir.

Vous les enfants qui souffrez d’asthme, devenez aussi des spécialistes de votre propre corps, de sorte que vous puissiez expliquer à votre médecin ce qui déclenche vos crises. Nettoyez votre chambre afin d’en éliminer la poussière, sortez et faites du sport, et activez-vous pour renforcer votre corps et vos poumons. Et, surtout, car c’est la clé de tout, continuez de donner libre cours à tous vos rêves. Pour, un jour peut-être, comme moi, devenir votre propre manager de votre asthme. Vous pourrez ainsi accomplir vos rêves. Votre asthme ne pourra plus vous en empêcher.

Souhaitez-nous bonne chance dans cet autre rêve que nous sommes sur le point de réaliser ! Et nous vous invitons à nous rejoindre à bord en ligne sur Ocean Challenge Live !