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Essais: Définir la réussite

La rĂ©ussite ne peut ĂȘtre mesurĂ©e qu’en comparant les rĂ©sultats aux objectifs initiaux. Les deux principales composantes de notre projet Ă©taient le VendĂ©e Globe 2016 et notre programme pĂ©dagogique sitesALIVE! basĂ© sur notre participation dans cette course.

Nos objectifs pour la course Ă©taient de la terminer et de rĂ©aliser un meilleur temps que les 121 jours de 2008-2009. Nous ne sommes pas encore arrivĂ©s, et nous ne pouvons par consĂ©quent pas encore dire si nous avons rĂ©ussi ou pas. Nous sommes toujours en mer et dans la course, alors que 11 skippers ont Ă©tĂ© contraints d’abandonner pour diverses raisons. Le bateau est en assez bon Ă©tat, de mĂȘme que le skipper, bien que les deux soient fatiguĂ©s.

Notre objectif, pour les Ă©coles, Ă©tait double. Il concernait, d’une part, le volet technique du programme et son expansion. Nous souhaitions lui confĂ©rer un caractĂšre vĂ©ritablement international, le mettre en Ɠuvre dans plusieurs langues, et livrer les contenus selon un calendrier rigoureux, de sorte que les enseignants puissent ĂȘtre certains qu’ils seraient disponibles au moment oĂč nous nous engagions Ă  ce qu’ils le soient, de maniĂšre Ă  pouvoir les diffuser via les diffĂ©rents mĂ©dias (journaux, Internet, mĂ©dias sociaux). Nous voulions Ă©galement nous associer Ă  divers partenaires, pour sa diffusion, mondialement, pour la poursuite de l’expansion de notre rĂ©seau, et constituer une Ă©quipe d’experts. Nous avons rĂ©alisĂ© tout cela, par consĂ©quent la production technique peut ĂȘtre dĂ©clarĂ©e une rĂ©ussite.

Le but ultime Ă©tait pourtant d’impliquer et de motiver les Ă©lĂšves, pour un apprentissage via notre approche unique consistant Ă  exposer et Ă  expliquer diffĂ©rentes disciplines en s’appuyant sur des exemples du monde rĂ©el. La question de savoir si nous avons rĂ©ussi ou non vous est soumise, Ă  vous, les Ă©lĂšves et les enseignants du programme. Nous avons eu droit Ă  de vifs encouragements d’un grand nombre d’entre vous, Ă  ce jour, mais nous devrons mener notre programme jusqu’au bout et nous pencher, a posteriori, sur vos retours d’expĂ©rience. Nous croisons les doigts pour que tout ait correctement fonctionnĂ© pour vous – ce qui constituera le test ultime pour dĂ©finir si nous avons rĂ©ussi ou non.

Nous vous adressons un immense merci pour votre participation.

Essais: Définir la réussite

Rich a-t-il rĂ©ussi dans la rĂ©alisation de ses objectifs ? Rich disait, au dĂ©but du VendĂ©e Globe, que son but Ă©tait de bien naviguer, de bien communiquer, de partager son aventure avec les personnes Ă  terre, d’assurer le contenu de sitesALIVE et de terminer la course. Sa rĂ©ussite n’impliquait pas selon lui de gagner la course, dans la mesure oĂč cela ne constituait pas le but premier. La rĂ©ussite peut ĂȘtre dĂ©finie de nombreuses maniĂšres.

Rich s’est engagĂ© dans le VendĂ©e Globe en partie pour relever le dĂ©fi de la course, mais surtout en raison de l’opportunitĂ© que cela reprĂ©sentait pour la concrĂ©tisation du programme pĂ©dagogique sitesALIVE!, conçu pour susciter l’intĂ©rĂȘt et la motivation d’élĂšves et de leurs familles de diffĂ©rents pays du monde. « Une fois que vous avez suscitĂ© l’enthousiasme des enfants, vous pouvez leur soumettre tout le contenu que vous voulez – mathĂ©matiques, gĂ©ographie, travail d’équipe, dĂ©finition d’objectifs, etc. »

Son programme pĂ©dagogique sitesALIVE! est -il une rĂ©ussite ? Absolument ! Rich a rĂ©alisĂ© ses podcasts audio via le tĂ©lĂ©phone satellite, rĂ©digĂ© les articles du carnet de bord, a rĂ©pondu aux questions des Ă©lĂšves, a rĂ©digĂ© des articles particuliĂšrement dĂ©taillĂ©s et a rĂ©alisĂ© des vidĂ©os, entre autres, de la mer dĂ©chaĂźnĂ©e, du franchissement de la ligne internationale de changement de date, du mĂ©ridien origine, ainsi que sur La Complainte du Vieux Marin. Avec l’aide de son Ă©quipe Ă  terre, il a Ă©galement Ă©laborĂ© une sĂ©rie d’articles publiĂ©s dans des journaux du monde entier. Rich a rĂ©alisĂ© tout cela en pilotant le Great American IV, dans des conditions mĂ©tĂ©o difficiles, dans une houle dangereuse, et dans une chaleur accablante et un froid glacial, sur plus de 25 000 miles nautiques.

Rich a Ă©tĂ© suivi par des milliers d’élĂšves, depuis leur classe ou leur domicile, aux quatre coins du monde. Il a reçu un retour d’information et un soutien trĂšs positifs de toutes celles et tous ceux qui le suivent. Tout cela dĂ©montre la rĂ©ussite du programme pĂ©dagogique sitesALIVE!

Nous attendons maintenant avec anxiĂ©tĂ© que Rich aille au bout du VendĂ©e Globe et qu’il franchisse la ligne d’arrivĂ©e, aux Sables d’Olonne. Merci Rich Wilson pour votre inspiration et votre persĂ©vĂ©rance, qui vous ont permis de rĂ©ussir le VendĂ©e Globe, avec la rĂ©alisation des objectifs pĂ©dagogiques admirables que vous vous Ă©tiez fixĂ© pour vous-mĂȘme. Nous vous admirons !

Essais: Ce qui va me manquer

La fin de cette grande aventure qu’est le tour du monde Ă  la voile en solitaire approche, et il est temps de rĂ©flĂ©chir Ă  ce qui me manquera de ces jours passĂ©s en mer quand je serai de retour Ă  terre.

L’air si pur de l’ocĂ©an et son effet positif sur mes poumons me manqueront. Voir les poissons volants apparaĂźtre çà et lĂ , tentant d’échapper au bateau qu’ils perçoivent comme un prĂ©dateur, me manquera. Ces poissons volent plus de 100 mĂštres sur leurs nageoires – c’est magnifique ! Les splendides albatros du sud, qui glissent sur leurs longues ailes pendant des jours, des semaines, des mois, qui ne battent presque jamais des ailes car ce sont des ĂȘtres parfaitement aĂ©rodynamiques, me manqueront. Les Ă©toiles de l’hĂ©misphĂšre sud, que l’on ne peut pas voir depuis le nord, oĂč je vis, me manqueront parce qu’elles sont diffĂ©rentes, parce qu’elles reprĂ©sentent une aventure.

De cette course, je retiendrai particuliĂšrement le contact presque quotidien avec les autres participants. Nous sommes tous confrontĂ©s Ă  la mer, nous faisons tous de notre mieux, nous avons nos hauts et nos bas, que ce soit au niveau psychologique ou mĂ©tĂ©orologique. Mes amis du sud m’ont notamment beaucoup aidĂ©, et j’aimerais pouvoir penser que j’ai peut-ĂȘtre contribuĂ© Ă  les encourager un peu Ă©galement.

Les interactions avec les Ă©tudiants du monde entier sur sitesALIVE me manqueront aussi. J’ai eu la chance extraordinaire de vous apporter un peu de l’ocĂ©an, qui reprĂ©sente 70 % de la planĂšte, mais que beaucoup ne connaissent pas. Ce sont ces Ă©changes qui me manqueront le plus.

Essais: Ce qui va me manquer

La fin de toute grande aventure dĂ©clenche des sentiments trĂšs diffĂ©rents. Tout d’abord, il y a une sorte de soulagement liĂ© Ă  la fin des dangers et des privations qu’il a fallu subir. On ressent Ă©galement une sorte de fiertĂ© d’avoir travaillĂ© si dur et si longtemps pour atteindre un objectif trĂšs difficile. BientĂŽt, Rich aura traversĂ© le monde en solitaire sans escale non pas une seule fois, mais deux fois, un exploit incroyable !

AprĂšs une pĂ©riode en mer ou dans tout endroit reculĂ©, il peut s’avĂ©rer difficile de se rĂ©adapter au monde « normal ». Certaines choses que l’on prend gĂ©nĂ©ralement pour acquises comme l’eau courante, les fruits frais, la tĂ©lĂ©vision et un lit confortable sont soudain des luxes trĂšs apprĂ©ciĂ©s. En expĂ©dition, vos prioritĂ©s sont diffĂ©rentes, et vos sens sont aiguisĂ©s. Vous devez innover en permanence, rĂ©soudre des problĂšmes et vous adapter. C’est toujours agrĂ©able de revenir Ă  la civilisation et au confort du foyer, du moins pour un moment.

Puis, malgrĂ© les difficultĂ©s et la peur, vous commencez Ă  vous souvenir des endroits magnifiques que vous avez dĂ©couverts et des choses que vous avez vues et que peu de gens pourront connaĂźtre dans leur vie. L’expĂ©rience partagĂ©e d’une expĂ©dition difficile crĂ©e gĂ©nĂ©ralement des liens Ă©troits entre les participants, et les amitiĂ©s créées peuvent ĂȘtre trĂšs profondes. Si le confort du foyer a ses attraits, pour certaines personnes la vie ne vaut pas le coup d’ĂȘtre vĂ©cue sans une sĂ©rie de grandes aventures. Donc ne soyez pas Ă©tonnĂ©s si vous voyez Rich Wilson embarquer pour un nouveau voyage Ă©pique, continuant Ă  pousser des gens du monde entier Ă  poursuivre leurs propres rĂȘves.

Essais: Travail d’équipe et persĂ©vĂ©rance

Le VendĂ©e Globe est une course Ă  la voile en solitaire, pourtant aucun skipper ne pourrait rĂ©ussir sans une Ă©quipe compĂ©tente et dĂ©vouĂ©e Ă  terre. Cette Ă©quipe, par laquelle la prĂ©paration du bateau est assurĂ©e, peut ĂȘtre jointe 24 heures sur 24, tout le temps que le skipper est en mer, pour le conseiller, par tĂ©lĂ©phone satellite, sur des questions techniques, pour des rĂ©parations, ou pour la rĂ©solution de problĂšmes. Toute l’entreprise tient pour l’essentiel d’un effort de groupe autour de la personne qu’est le skipper en mer.

Nous disposons d’une Ă©quipe, au Royaume-Uni, experte des technologies Open 60 (Ă©lectronique, voilerie, grĂ©ement, structure de bateau en carbone, etc.), et d’une autre Ă©quipe, aux États-Unis, par laquelle l’équipement prĂ©cisĂ© par l’équipe britannique a Ă©tĂ© installĂ©. Quand le bateau Ă©tait aux États-Unis, l’équipe britannique y effectuait des visites pour apporter son soutien Ă  l’équipe amĂ©ricaine. L’ensemble des membres des deux Ă©quipes ont fait connaissance les uns avec les autres. Ils sont donc tous en phase, bien que sĂ©parĂ©s par un ocĂ©an, en ce qui concerne notre bateau, notre projet et le travail Ă  accomplir.

Nous avons en outre constituĂ© une Ă©quipe sitesALIVE, essentielle pour la mission d’éducation de notre projet. Elle est composĂ©e de webmasters, de concepteurs de programmes d’études, de gestionnaires de programmes et de spĂ©cialistes des questions commerciales, en charge de la gestion des relations avec nos partenaires. Nous organisons un Ă©change sur Skype, toutes les semaines, auquel participent maintenant Ă  la fois les Ă©quipes du bateau et de sitesALIVE, de sorte que tous aient connaissance de l’ensemble des communications susceptibles d’affecter le programme.

Le navigateur en solitaire que je suis ne reprĂ©sente que la pointe de l’iceberg. La vĂ©ritable valeur du projet rĂ©side dans les diffĂ©rentes salles de classe concernĂ©es Ă  travers le monde : le programme se dĂ©roule-t-il correctement pour les enseignants et leurs Ă©lĂšves ?

Cette question de la persĂ©vĂ©rance va de soi, Ă©tant donnĂ© la durĂ©e de la traversĂ©e et du programme, tout au long desquels les Ă©quipes sont tenues de demeurer opĂ©rationnelles. Or le travail de planification et de mise au point, tant pour le bateau que pour le programme, dans lequel nous sommes engagĂ©s, dure depuis plus longtemps encore, plusieurs annĂ©es en rĂ©alitĂ©. Toutes les personnes impliquĂ©es devront faire preuve d’une persĂ©vĂ©rance considĂ©rable pour aller jusqu’au finish. L’enseignement de tout cela, comme pour tant d’autres aspects et dĂ©fis de l’existence, est peut-ĂȘtre la nĂ©cessitĂ© de maintenir le cap, jusqu’à ce que l’objectif soit atteint.

Je suis passĂ©, hier, de trois ris Ă  deux ris, puis un ris, et Ă  la grand-voile haute, ce qui reprĂ©sente environ 500 tours de manivelles sur la colonne de winch Ă  une vitesse moyenne ou 1 000 tours Ă  une vitesse infĂ©rieure. J’ai cru que mes bras, mes mains et mes doigts allaient me lĂącher ! J’étais totalement extĂ©nuĂ©, Ă  la fin, mais les conditions mĂ©tĂ©os nĂ©cessitaient un tel effort. Ma persĂ©vĂ©rance a payĂ©, et nous avons progressĂ© rapidement, toute la nuit, avec une voilure adaptĂ©e Ă  ces conditions.

Essais: Travail d’équipe, persĂ©vĂ©rance et asthme

Quand Rich Wilson Ă©tait jeune, de nombreuses idĂ©es erronĂ©es avaient cours en matiĂšre d’asthme, dont une assez rĂ©pandue selon laquelle cette maladie – qui se manifeste par de la toux, un sifflement dans les poumons, des difficultĂ©s Ă  respirer et une sensation de compression de la poitrine – Ă©tait psychologique. Les enfants asthmatiques Ă©taient dispensĂ©s de sport, et toute activitĂ© physique Ă©prouvante leur Ă©tait dĂ©conseillĂ©e, car l’exercice physique Ă©tait considĂ©rĂ© comme une cause d’asthme potentielle. Il n’existait pour ainsi dire aucune personnalitĂ© souffrant de ce syndrome que les jeunes puissent admirer et Ă  laquelle ils puissent avoir envie de ressembler. Les traitements contre l’asthme, quant Ă  eux, Ă©taient assez rudimentaires. Leur efficacitĂ© laissait Ă  dĂ©sirer, et ils Ă©taient souvent assortis d’un certain nombre d’effets indĂ©sirables tels que nausĂ©e et irritabilitĂ©.

Des avancĂ©es majeures ont eu lieu en matiĂšre de comprĂ©hension et de traitement de l’asthme depuis cette Ă©poque. Nous savons maintenant que l’asthme, chez la plupart des enfants, est dĂ» Ă  une rĂ©action allergique des voies respiratoires (bronchiques). Les muscles entourant ces voies les compressent, entraĂźnant leur rĂ©trĂ©cissement, et leur inflammation, qui provoque leur renflement et la formation de mucus, les obstruent davantage encore. Comme vous pouvez l’imaginer, l’exercice est bĂ©nĂ©fique aux poumons comme au reste de l’organisme. Les enfants asthmatiques, Ă  qui des traitements adĂ©quats sont prescrits, de nos jours, sont encouragĂ©s Ă  pratiquer un sport ainsi que toutes sortes d’activitĂ©s, sans aucune limite. Les exemples de grands sportifs asthmatiques sont dĂ©sormais multiples : Jackie Joyner-Kersee, en athlĂ©tisme, Amy Van Dyken, en natation, Jerome Bettis, en football amĂ©ricain et, bien sĂ»r, Rich Wilson en course Ă  la voile. Nos mĂ©dicaments contre l’asthme, par ailleurs, sont plus efficaces, plus sĂ»rs et plus faciles Ă  suivre. Ils se rĂ©sument souvent Ă  la prise d’un comprimĂ©, et Ă©ventuellement Ă  l’inhalation d’un aĂ©rosol, une ou deux fois par jour.

Si les symptĂŽmes de l’asthme peuvent fluctuer, une tendance au rĂ©trĂ©cissement des voies respiratoires est observĂ©e dans tous les cas. L’asthme est une maladie chronique qui nĂ©cessite, dans de nombreux cas, de prendre des mĂ©dicaments tous les jours, pour prĂ©venir les crises, et de demeurer sur ses gardes pour Ă©viter les facteurs (dits « dĂ©clencheurs ») susceptibles de provoquer l’apparition des symptĂŽmes. Tout comme un tour du monde Ă  la voile en solitaire, la gestion de l’asthme au quotidien nĂ©cessite de la persĂ©vĂ©rance : il s’agit de ne pas baisser la garde, mĂȘme quand il semble Ă  la personne concernĂ©e que son Ă©tat s’amĂ©liore. Cela passe Ă©galement par un travail d’équipe : patient, mĂ©decin, famille et amis, tous ont un rĂŽle Ă  jouer. Rich Wilson connaĂźt tout cela : il prend ses mĂ©dicaments contre l’asthme tous les jours ; il vĂ©rifie sa respiration frĂ©quemment Ă  l’aide d’un instrument appelĂ© dĂ©bitmĂštre de pointe, et il consulte rĂ©guliĂšrement son Ă©quipe mĂ©dicale afin de s’assurer qu’il bĂ©nĂ©ficie du meilleur traitement possible. PersĂ©vĂ©rance et travail d’équipe sont l’assurance d’une navigation rĂ©ussie.

Essais: Diminution des stocks de poisson

Nous sommes des tĂ©moins directs, en tant qu’habitants de la Nouvelle-Angleterre, oĂč se situent les ports de pĂȘches majeurs de Gloucester et de New Bedford, de la situation des pĂȘcheries. Les principaux stocks, au cours du dernier demi-siĂšcle, ont considĂ©rablement diminuĂ©. En ce qui concerne les Grands Bancs, au large du Canada, les stocks de morue, qui faisaient partie des plus importants de l’histoire de la pĂȘche, ont Ă©tĂ© si largement Ă©puisĂ©s que la pĂȘche de ce poisson, dans cette rĂ©gion, a Ă©tĂ© totalement interdite.

Il existe, ailleurs dans le monde, des situations similaires. L’augmentation exponentielle de la population mondiale constitue l’un des dĂ©fis. Les ĂȘtres humains ont besoin de protĂ©ines, dont le poisson constitue une source importante, Ă  condition que la ressource correspondante existe. Les technologies de pĂȘche, pourtant, continuent de s’amĂ©liorer. Je me souviens, en 2002, alors que je naviguais de l’Australie Ă  Hong-Kong, entre deux de nos traversĂ©es en clipper, Ă  environ 1 500 miles au nord-ouest de la Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e, avoir entendu, soudainement, le vrombissement caractĂ©ristique des pĂąles d’un hĂ©licoptĂšre. À 1 500 miles de la cĂŽte ?! Le repĂ©rage du poisson Ă©tait en effet effectuĂ©, pour un thonier croisant Ă  cet endroit, depuis un hĂ©licoptĂšre ! Ce procĂ©dĂ©, outre son caractĂšre peut Ă©quitable pour le thon, avait Ă  n’en pas douter fait ses preuves, faute de quoi, Ă©tant donnĂ© son coĂ»t, il ne serait pas employĂ©.

Je me souviens que la dĂ©mographie, dans les annĂ©es 1960 et 1970, faisait l’objet d’un grand nombre d’articles, d’études et de dĂ©bats. L’une des questions Ă©tait celle de savoir quelles pouvaient ĂȘtre les consĂ©quences de l’expansion de la population sur les ressources, et dans quelle mesure les contraintes de ressources pouvaient influer sur l’évolution de la population. Je remarque que la question de l’augmentation de la population a disparu du dĂ©bat public. Or non seulement le problĂšme de la pĂȘche elle-mĂȘme, devrait continuer d’ĂȘtre traitĂ©e, mais Ă©galement celui des ressources en eau, des autres ressources alimentaires et des emplois. Mais s’il n’est plus pris en compte, aucune solution ne sera recherchĂ©e ni a fortiori dĂ©finie.

Je ne dispose pas de donnĂ©es sur le poisson des mers oĂč nous croisons. Il me semble qu’un moins grand nombre de poissons volants, dans les tropiques, s’échouent sur le pont du bateau. Nous avons peut-ĂȘtre plus de petites crevettes que pour d’autres traversĂ©es, ici, vers le Sud. Ces deux observations, c’est Ă©vident, ne mĂ©ritent pas d’ĂȘtre incluses dans le dĂ©bat scientifique. Nous devons nous en remettre, pour des estimations valables, comme pour d’autres sujets, aux experts tels que le Dr. Ambrose Jearld et Ă  la recherche mondiale sur les pĂȘcheries.

Essais: Diminution des stocks de poisson

Rich, pendant qu’il navigue Ă  travers les ocĂ©ans du monde, ne verra ni les milliers d’espĂšces de poissons qui vivent dans les eaux loin en dessous de son bateau, ni leurs proies, de plus petites espĂšces, ni le plancton dont ils se nourrissent. Le poisson constitue une source de nourriture pour un nombre de plus en plus grand de personnes dans le monde, mais alors que ce nombre augmente et que la technologie au moyen de laquelle sa localisation et sa capture sont effectuĂ©es s’amĂ©liore, le stock de nombreuses espĂšces est rĂ©duit Ă  nĂ©ant (ou diminue), du fait de la surpĂȘche, du changement climatique et d’autres facteurs. Les satellites, les sonars et les dispositifs de repĂ©rage de poisson Ă©voluĂ©s facilitent la localisation des bans de poisson, et les nouveaux filets Ă©quipĂ©s de capteurs permettent de puiser de maniĂšre plus abondante encore dans les stocks disponibles. Les prises accessoires et non intentionnelles empĂȘchent les espĂšces concernĂ©es d’atteindre l’ñge de reproduction et de renouveler leur population.

Le rĂ©chauffement des eaux des ocĂ©ans entraĂźne la migration des populations de poissons vers des zones oĂč les tempĂ©ratures sont plus propices Ă  leur croissance et Ă  leur survie, qui peuvent se situer plus au large, et loin de leurs habitats actuels. Il en va de mĂȘme pour les espĂšces dont les poissons se nourrissent, ceux-ci se dĂ©plaçant en mĂȘme temps qu’elles.

La pĂȘche illĂ©gale, non dĂ©clarĂ©e et non rĂ©glementĂ©e (INN) constitue Ă©galement un problĂšme de plus en plus sĂ©rieux, qui rend la gestion des pĂȘches difficiles. Elle menace, au niveau mondial, les Ă©cosystĂšmes des ocĂ©ans et la durabilitĂ© des pĂȘcheries. Un grand nombre de gouvernements, d’organisations internationales et de groupes industriels privĂ©s s’efforcent, ensemble, de lutter contre l’INN.

Nous voulons continuer de pouvoir manger du poisson, mais il n’en subsistera pas assez, Ă  l’avenir, si nous ne permettons pas aux populations de poisson de se reconstituer et de se dĂ©velopper, et si nous ne faisons pas en sorte que les autres populations soient maintenues Ă  des niveaux adĂ©quats. La bonne nouvelle est que le poisson constitue une ressource renouvelable et que ses populations peuvent se reconstituer si des mesures de gestion adĂ©quates sont prises.

Nous essayons, en tant que scientifiques, de comprendre les facteurs biologiques fondamentaux tels que la maniĂšre dont chaque espĂšce de poisson se dĂ©veloppe et se reproduit, mais nous avons Ă©galement besoin de connaĂźtre les incidences de l’environnement ou de l’écosystĂšme des poissons sur leur comportement et leur cycle de vie. Cette pratique consistant Ă  Ă©tudier le problĂšme dans son ensemble (et non pas en ce qui concerne le seul poisson), appelĂ©e gestion Ă©cosystĂ©mique, s’étend dans de nombreuses rĂ©gions du monde. La situation d’un certain nombre de populations de poissons s’amĂ©liore, mais un important travail reste Ă  accomplir.

Vous pouvez vous engager, en tant qu’étudiants, dans le soutien aux pĂȘcheries dans le monde, Ă  commencer par votre propre rĂ©gion, de nombreuses maniĂšres. Vous pouvez contribuer Ă  la surveillance des courants ocĂ©aniques via des programmes de dĂ©riveurs de surface (consultez les drifter tracks [le suivi de dĂ©riveur] de Jim Manning), en vous documentant sur les espĂšces de poisson qui vivent dans votre rĂ©gion, et en ne capturant que les poissons dont les populations ne sont pas en danger.

Essais: Forces de la nature

On se sent si petit, en mer, la nuit, sous un ciel Ă©toilĂ©, face Ă  l’immensitĂ© de l’univers. Il est impossible de dĂ©crire nos dimensions relatives. Nous pouvons juste affirmer que nous sommes minuscules.

Lors d’une tempĂȘte en mer, de la mĂȘme maniĂšre, la force du vent et la violence des Ă©normes vagues sont immĂ©diatement ressenties par le bateau et par le navigateur. Ce n’est possible, pourtant, qu’avec ce qui se trouve dans notre voisinage immĂ©diat, dans notre champ de perception.

Par consĂ©quent quand vous regardez la carte, que vous voyez que nous avons naviguĂ© pendant 10 jours depuis la Nouvelle-ZĂ©lande, et que dix jours de navigation supplĂ©mentaires seront nĂ©cessaires jusqu’au cap Horn, comment apprĂ©hendez-vous, et comprenez-vous cette immensitĂ© de l’ocĂ©an Pacifique ? En ĂȘtes-vous capable ? Dans la tempĂȘte que nous venons d’essuyer, rĂ©alisez-vous que celle-ci s’étendait sur des centaines de kilomĂštres ? Avec les mĂȘmes forces, du vent et des vagues, pour chacune de ses petites parcelles, que celles qui nous ont affectĂ©s ?

Cette immensitĂ© dĂ©passe l’entendement. Pourtant non seulement je dois la comprendre, mais je dois la respecter. Et c’est peut-ĂȘtre ce que nous pouvons faire de mieux pour tout ce qui concerne la nature. Nous devons la respecter, pour dĂ©fendre les minuscules entitĂ©s physiques que nous sommes face Ă  son immensitĂ©, et l’admirer. Nous pouvons considĂ©rer qu’une telle puissance et une telle force existaient bien avant nous et, en un sens, que nous sommes des intrus ou, Ă  tout le moins, les voisins les plus rĂ©cents.

La puissance d’un tremblement de terre ou les immenses quantitĂ©s d’eau s’écoulant le long des grands fleuves du monde, les glaciers gigantesques, vĂ©ritables fleuves de glace, l’incommensurable masse des ocĂ©ans
 N’avons-nous pas de la chance de pouvoir observer ces forces phĂ©nomĂ©nales et exister Ă  leurs cĂŽtĂ©s ?

Essais: Forces de la nature

Je me souviens de ce que m’avait dit un vieil homme, alors que j’étais encore un jeune marin, et avant que je ne devienne officier et, par la suite, capitaine au long cours : « La mer est sĂ»re sauf si l’on oublie qu’elle est dangereuse ». Au vu des « forces » de la nature – le vent, les grains, la houle, les courants, les volcans, les ouragans, les typhons, etc. –, il ne peut de toute Ă©vidence ĂȘtre question de douter de cette affirmation.

Au cours de mes plus de 50 ans de carriĂšre, la nature m’a fait comprendre, Ă  deux reprises, que je pouvais m’inquiĂ©ter sĂ©rieusement quant Ă  savoir si je rentrerais chez moi. La premiĂšre fois, ce fut quelque part au sud de la Nouvelle-ZĂ©lande, sur l’itinĂ©raire de « Great American ». Un systĂšme de grains, sous ces latitudes, Ă©volue sur quasiment toute la circonfĂ©rence de la Terre en suivant, gĂ©nĂ©ralement, une trajectoire Ouest-Sud-Ouest. Une tempĂȘte extrĂȘmement violente, lors de cette traversĂ©e, avait gĂ©nĂ©rĂ© des vents, depuis le Nord-Ouest, et du fait de ce systĂšme de grains habituel ainsi que de cette tempĂȘte, qui provenaient de deux points diffĂ©rents, la mer Ă©tait particuliĂšrement chaotique. Il fut impossible de dormir pendant prĂšs de deux jours, Ă  bord du petit navire scientifique sur lequel je naviguais, alors que nous nous battions pour maintenir un cap vers le Nord, afin de nous abriter prĂšs d’une Ăźle au pied de la Nouvelle-ZĂ©lande. La diligence la plus totale est requise, dans de tels moments, en matiĂšre de navigation, sans quoi le navire est susceptible de subir de sĂ©rieux dĂ©gĂąts, le risque Ă©tant alors de perdre.

Le deuxiĂšme incident a eu lieu en mer de Chine mĂ©ridionale, oĂč nous avons Ă©tĂ© pris par un typhon, qui ne nous avait laissĂ© qu’une trĂšs faible marge de manƓuvre. Des vents de plus de 75 nƓuds et une hauteur de houle d’au moins 10 mĂštres nous ont contraints de mettre en panne, tempĂȘte Ă  bĂąbord, puis d’accĂ©lĂ©rer d’environ 10 nƓuds. Nous avons fait en sorte de maintenir notre cap, malgrĂ© un tangage et un roulage par moments des plus violents, mais notre « vitesse sur le fond » affichĂ©e par le GPS montrait que nous Ă©voluions, en rĂ©alitĂ©, Ă  environ trois nƓuds Ă  reculons. Cette situation a durĂ© 12 heures, jusqu’à ce que le temps se calme un peu. Nous avons alors retrouvĂ© un sens de navigation adĂ©quat. Je n’ai eu connaissance du fait le plus alarmant que le lendemain matin, lorsque l’ingĂ©nieur en chef m’a informĂ© qu’il avait dĂ» s’occuper, toute la nuit, d’un problĂšme au niveau de l’un des cylindres du moteur principal. Le moteur aurait pu s’arrĂȘter, ce qui aurait Ă©tĂ© dĂ©sastreux.

Les volcans sous-marins ne sont pas rares dans la partie occidentale de l’ocĂ©an Pacifique. Des forces extrĂȘmes de la nature peuvent provoquer une Ă©ruption sous-marine, qui se traduit par la formation de grands nuages de vapeur Ă  la surface de l’eau. Si l’éruption se poursuit pendant une longue pĂ©riode, une petite Ăźle peut Ă©merger. La Grande Ăźle d’HawaĂŻ en constitue un exemple typique. Des millions d’annĂ©es aprĂšs le dĂ©but de sa formation, elle continue de grandir. La pierre ponce constitue l’un des produits de ces volcans sous-marins. Lors d’un quart, un jour, pendant une traversĂ©e du Pacifique, et alors que je m’affairais sur le bateau, j’ai levĂ© les yeux et j’ai cru un instant que nous Ă©tions sur le point de nous Ă©chouer sur un banc de sable. C’était pourtant du domaine de l’impossible, Ă©tant donnĂ© l’extrĂȘme prĂ©cision des donnĂ©es de position du navire, mais tout de mĂȘme extrĂȘmement prĂ©occupant. J’ai supposĂ© que le « sable » que je voyais Ă©tait en fait une large masse de pierre ponce flottante de couleur claire, dont la prĂ©sence Ă©tait due Ă  une perturbation souterraine trĂšs probablement provoquĂ©e par un volcan.

Ces quelques mots m’inspirent cette autre expression populaire : « Aime la mer mais respecte la pleinement. »

Essais: Prise de décisions

La prise de dĂ©cisions, dans le contexte immĂ©diat d’un grain dans l’ocĂ©an Austral, consiste dans une Ă©valuation du rapport risque-bĂ©nĂ©fice. Mon objectif est de rejoindre le plus sĂ»rement possible le cap Horn. Cette tempĂȘte est amenĂ©e Ă  durer encore 36 Ă  48 heures, soit un temps trĂšs long pour exposer le skipper et le bateau, d’autant que nous avons trĂšs rĂ©cemment eu un triste exemple de ce qu’un tel risque Ă©tait susceptible d’engendrer, avec le dĂ©mĂątage, aujourd’hui, du bateau d’Enda O’Coineen, sur l’autre flanc de cette tempĂȘte.

Le premier objectif est par consĂ©quent de passer cette tempĂȘte. Et le deuxiĂšme objectif est de passer la tempĂȘte qui arrive derriĂšre. Alors essayons-nous d’aller plus vite, en augmentant le risque, dans cette tempĂȘte, afin d’échapper Ă  la deuxiĂšme tempĂȘte ? Ou devons-nous opter pour une option plus sĂ»re et pour la prudence, dans le cas prĂ©sent, puis aviser lorsque la deuxiĂšme tempĂȘte se prĂ©sentera ? Les prĂ©visions concernant cette derniĂšre, aprĂšs tout, peuvent se modifier dans le bon sens, mais aussi dans le mauvais sens. Mais rien n’est sĂ»r, loin de lĂ , pour l’instant.

Nous avons optĂ© pour la prudence, pour optimiser nos chances de passer ce grain. Nous sommes par consĂ©quent sous une voilure nettement infĂ©rieure Ă  celle que nous devrions adopter au vu des spĂ©cifications de performance du bateau, selon lesquelles nous devrions prendre deux ris dans la grand-voile, en plus de la trinquette. Nous sommes actuellement sous trois ris dans la grand-voile plus le foc de tempĂȘte.

Un autre facteur Ă  prendre en compte est que nous devons veiller Ă  prĂ©server la trinquette, la voile que nous utilisons pour les conditions les plus difficiles, en vue de notre arrivĂ©e dans l’Atlantique. Devons-nous par consĂ©quent accroĂźtre le risque, pour cette voile, pour le bĂ©nĂ©fice de quelques nƓuds supplĂ©mentaires de vitesse dans la tempĂȘte ? Une lĂ©gĂšre augmentation de la vitesse nous permettra-t-elle d’échapper Ă  la deuxiĂšme tempĂȘte ? Cela se complique rapidement !

Je considĂšre de surcroĂźt que l’on doit adapter sa navigation Ă  sa nature. C’est cela, pour moi, ĂȘtre prudent. Le foc de tempĂȘte me permettrait de dormir un peu, et je serais mieux reposĂ© que si j’étais sous trinquette et si j’allais plus vite, auquel cas le bateau rebondirait et ricocherait sur les vagues, m’empĂȘchant de dormir.

Chaque dĂ©cision, dans la vie, est susceptible de se produire par tel ou tel effet en matiĂšre de risque et de bĂ©nĂ©fice. Les consĂ©quences doivent en ĂȘtre soigneusement sous-pesĂ©es, afin que la dĂ©cision finale puisse ĂȘtre prise.

Essais: Prise de décisions

Quelle fut la derniĂšre dĂ©cision difficile que vous avez eu Ă  prendre ? Les dĂ©cisions que nous avons Ă  prendre au quotidien sont souvent des dĂ©cisions faciles, et ne sont en tous cas pas une affaire de vie et de mort. Les dĂ©cisions, dans d’autres circonstances, peuvent ĂȘtre trĂšs difficiles, et l’existence peut s’en trouver modifiĂ©e. L’adoption de dĂ©cisions difficiles peut ĂȘtre Ă©talĂ©e sur plusieurs Ă©tapes qui en favoriseront le rĂ©sultat positif. La question doit ĂȘtre posĂ©e de savoir quel est l’objectif poursuivi, et en quoi la dĂ©cision est susceptible de contribuer Ă  sa rĂ©alisation.

Mon Ă©quipe du service des urgences est en permanence amenĂ©e Ă  prendre des dĂ©cisions susceptibles d’affecter nos patients. Nous devons dĂ©cider quel patient doit ĂȘtre vu en premier (la prioritĂ© Ă©tant en principe donnĂ©e aux cas les plus critiques), et comment intervenir pour faire en sorte que l’état de la personne concernĂ©e s’amĂ©liore. Certaines dĂ©cisions sont difficiles Ă  prendre, et nous sommes parfois contraints de prendre des mesures susceptibles de s’avĂ©rer inconfortables pour le patient. Mais nous savons que celui-ci, au bout du compte, se sentira mieux, ce qui constitue notre objectif. Et nous devons, par-dessus tout, nous assurer que notre intervention n’ait pas d’effet nĂ©gatif. Nous faisons en sorte de prendre des dĂ©cisions ne risquant pas d’aggraver l’état de nos patients.

Rich est lui aussi tout le temps en train de prendre des dĂ©cisions dont le but est de lui permettre de terminer la course, dans les meilleurs dĂ©lais possibles. Certaines des principales prioritĂ©s de Rich ont trait Ă  son bateau et Ă  sa propre personne. S’il prend des centaines de dĂ©cisions par jour, la premiĂšre question Ă  laquelle il doit systĂ©matiquement s’efforcer de rĂ©pondre est celle de savoir quel effet elles sont susceptibles d’avoir sur son bateau et sur lui-mĂȘme. Une voilure plus importante ou moins importante protĂšgera-t-elle le bateau ? Doit-il essayer de faire une sieste ou rester Ă©veillĂ© ? Doit-il aller plus vite pour arriver plus tĂŽt ou ralentir, pour une navigation plus sĂ»re ?

Rich a rĂ©cemment Ă©tĂ© confrontĂ© Ă  des conditions mĂ©tĂ©o extrĂȘmement mauvaises, et s’il avait maintenu la vitesse de son bateau, il se serait certainement retrouvĂ© au pire endroit de la tempĂȘte, avec le risque de faire subir des dĂ©gĂąts Ă  son bateau et de se mettre lui-mĂȘme en danger ! Il a donc au contraire dĂ©cidĂ© de ralentir, de laisser la tempĂȘte s’éloigner devant lui, et de faire en sorte d’éviter des conditions de navigation particuliĂšrement dangereuses. Un autre skipper du VendĂ©e Globe, Jean-Pierre Dick, en dĂ©cembre, a effectuĂ© un immense dĂ©tour, au Nord de la Tasmanie, et via le dĂ©troit de Bass, pour Ă©viter une tempĂȘte similaire. Aucun autre skipper n’était passĂ© par ce dĂ©troit lors d’une course du VendĂ©e Globe : c’est loin d’ĂȘtre l’itinĂ©raire le plus court d’une course autour du monde, mais cette dĂ©cision a permis de prĂ©server le skipper et le bateau.

Rich, il ne peut y avoir de course rĂ©ussie sans un skipper et un bateau intacts, et c’est l’objectif Ă  garder Ă  l’esprit pour chacune des dĂ©cisions Ă  prendre pendant le VendĂ©e Globe !

Essais: La faune sauvage

On me pose souvent la question de savoir si je ne me sens pas Ă  l’étroit, dans un si petit bateau. Ce Ă  quoi je rĂ©ponds toujours : « absolument pas » ! Car dans quel autre endroit peut-on vivre, chaque jour, toute la journĂ©e, avec une vue Ă  360 degrĂ©s sur l’horizon, et le dĂŽme hĂ©misphĂ©rique du ciel au-dessus de la tĂȘte ?

Nous nous retrouvons, en pleine nature, de cette maniĂšre, dans le monde et dans le mĂȘme espace que d’autres crĂ©atures. Nous avons retrouvĂ©, Ă  bord, de petites crevettes, des calamars et des poissons volants, de mĂȘme que ce qui m’a semblĂ© ĂȘtre une galĂšre portugaise. Des bandes de dauphins nous ont escortĂ©s.

Nous avons Ă©galement pu observer, dans le ciel, des pĂ©trels, des sternes et le gigantesque albatros, un oiseau qui ne bat quasiment jamais des ailes, mais se laisse glisser sur le vent et porter, au-dessus des vagues, par ses courants ascendants et descendants. Plus une myriades d’autres oiseaux que je ne saurais identifier, ne possĂ©dant pas les connaissances requises.

Ce monde est l’environnement naturel de toutes ces crĂ©atures, et non le mien. Je suis l’intrus – ou l’hĂŽte. Nous devons bien entendu le respecter, en ne le polluant pas, mais nous devons Ă©galement apprĂ©cier sa diversitĂ© et les incroyables exploits de ces crĂ©atures, dont je suis incapable ! Elles sont fascinantes ! Comment l’albatros a-t-il appris Ă  voler ainsi ? Et le poisson volant, Ă  utiliser ses nageoires comme des ailes, sur plus de cent mĂštre parfois, pour Ă©chapper Ă  ses prĂ©dateurs ?

Donc non, je ne me sens pas Ă  l’étroit. Mais suis conscient, au contraire, du privilĂšge d’ĂȘtre ici et de pouvoir admirer tout cela.

Essais: La vie marine

On se sent seul, parfois, à naviguer en solitaire autour du monde, sur un petit bateau et une mer gigantesque. Mais Rich Wilson ne l’est pas tout à fait.

Il est rejoint, de temps Ă  autres, par d’autres crĂ©atures vivantes – des crĂ©atures dont l’existence est aussi fabuleuse et les voyages aussi impĂ©rieux que les siens.

Certaines Ă©chouent directement sur son deck. Les poissons volants utilisent leurs nageoires pectorales en forme d’ailes pour glisser sur l’air, au-dessus de la surface de l’eau, sur plus de 200 mĂštres, parfois, avant de replonger dans l’eau (avec ou sans l’aide de Rich). Le but est pour eux d’échapper aux prĂ©dateurs tels que le marlin, l’espadon et le thon – qui ne se doutent certainement pas que leur proie puisse quitter l’ocĂ©an, ne serait-ce qu’un court instant !

Des milliards d’autres animaux flottent, nagent, rampent et Ă©voluent sous ou autour de Great American IV, finissant mĂȘme, parfois, Ă  son bord. Rich a pu en apercevoir quelques-uns des plus Ă©tranges : les calamars, qui perçoivent les goĂ»ts avec leur peau ; les crevettes, dont le squelette, comme les langoustes, se situe Ă  l’extĂ©rieur de leur corps et non Ă  l’intĂ©rieur de celui-ci, comme c’est le cas pour nous.

Mais Rich, sans mĂȘme avoir jamais pu les voir, sait que des crĂ©atures, des baleines aux coraux (qui ont l’aspect de la roche mais sont en rĂ©alitĂ© des colonies de minuscules animaux), accomplissent d’extraordinaires exploits sous les vagues sur lesquelles il navigue : les baleines Ă  bosse interprĂštent des chants complexes et magnifiques, dont elles modifient le rĂ©pertoire tous les ans ; les crabes au torse velu se rassemblent, dans des ouvertures volcaniques sous-marines de l’ocĂ©an Austral glacial, pour se rĂ©chauffer, et cultivent des bactĂ©ries, sur leur poitrine, qu’ils raclent Ă  l’aide de piĂšces buccales spĂ©ciales pour s’en nourrir ; des mĂ©duses dĂ©pourvues de cerveau « choisissent » de se diviser en plusieurs morceaux pour rĂ©aliser des copies d’elles-mĂȘmes.

Les océans sont la plus vaste contrée sauvage de notre planÚte. Tant de ses créatures nous apparaissent comme des extraterrestres, tellement elles sont différentes de nous.

Mais il est une crĂ©ature magnifique qui tient de temps en temps compagnie Ă  Rich. Elle et lui ont beaucoup en commun. Ils utilisent tous les deux le vent pour avancer et accomplissent, l’un comme l’autre, des distances Ă©piques. Ils passent des mois sans voir leurs semblables.

L’albatros possĂšde l’envergure la plus importante de tous les oiseaux – jusqu’à trois mĂštres et demi pour l’espĂšce la plus grande, l’albatros hurleur (il existe 22 espĂšces d’albatros). L’oiseau, avec son corps blanc comme neige et ses ailes grises, a des airs de mouette croisĂ©e avec une limousine. Leur observation est un spectacle dont Rich n’a cessĂ© de s’extasier au cours des annĂ©es. Les albatros, souvent, suivent les bateaux, en espĂ©rant que l’équipage leur offrira de quoi manger ou qu’au moins il jettera des restes d’un poisson gouteux par-dessus bord. Il n’est donc pas Ă©tonnant qu’ils occupent une place si spĂ©ciale dans l’imaginaire marin.

Certains navigateurs pensaient que les albatros transportaient l’ñme des navigateurs morts – et la vue d’un de ces oiseaux Ă©tait censĂ©e porter bonheur. L’ñme du navigateur, comme certains le faisaient valoir, avait le pouvoir de les protĂ©ger. Pour d’autres, au contraire, l’oiseau constituait un mauvais prĂ©sage annonciateur de la mort d’un marin.

La vĂ©ritĂ©, sur ces oiseaux majestueux, est encore plus fascinante. Un albatros est capable, sans battre une seule fois des ailes, de planer pendant des heures, sur des centaines de kilomĂštres ! Aucune autre crĂ©ature n’est capable d’un tel exploit. Son secret ? Sa technique de vol est appelĂ©e « vol de gradient ». L’oiseau passe la moitiĂ© de son temps Ă  prendre de la hauteur en courbant les ailes pour se laisser porter par le vent. Il repart alors en direction de la mer, fusant Ă  des vitesses pouvant atteindre 110 km/h, jusqu’à attraper un autre courant ascendant. RĂ©itĂ©rant inlassablement cette opĂ©ration, il dĂ©pense une quantitĂ© remarquablement limitĂ©e d’énergie. Les ingĂ©nieurs s’efforcent, en Ă©tudiant exactement comment l’oiseau procĂšde, de concevoir des aĂ©ronefs toujours plus efficaces.

Rich et son ami l’albatros font Ă©galement face, en mer, Ă  un ennemi commun. Deux des autres bateaux du VendĂ©e Globe ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© exclus de la course par des « OFNI » : des objets flottants non identifiĂ©s. Les OFNI les plus petits menacent Ă©galement les albatros, bien que diffĂ©remment. Les albatros se nourrissent essentiellement de poisson et de calamar, mais les quantitĂ©s de dĂ©chets dans les ocĂ©ans sont telles, de nos jours, qu’il leur arrive souvent d’avaler, par erreur, du plastique. Ils en nourrissent mĂȘme leurs petits lorsqu’enfin ils se posent sur terre, chaque annĂ©e, pour nicher. Nous, les humains, sommes si nĂ©gligents avec nos dĂ©chets que les ocĂ©ans, d’ici 2050, d’aprĂšs les scientifiques, contiendront plus de plastique que de poisson !

De nombreux oiseaux marins, de mĂȘme que les baleines, les dauphins et les tortues de mer meurent Ă©touffĂ©s, Ă  cause des dĂ©chets qu’ils ingurgitent, ou de faim, l’estomac rempli de ces dĂ©chets. Les effectifs d’un grand nombre de ces crĂ©atures s’effondrent. D’oĂč l’importance d’un albatros trĂšs spĂ©cial, baptisĂ© Sagesse, un albatros de Laysan (qui Ă©volue dans le Pacifique Nord) : il est le plus vieil oiseau marin du monde – et Ă  l’heure oĂč cet article est rĂ©digĂ©, il est train de couver un Ɠuf !

Rich – le plus vieux navigateur du VendĂ©e Globe – et Sagesse, ont autre chose en commun : ils sont la dĂ©monstration, pour le monde entier, que nous pouvons tous jouer un rĂŽle unique, quel que soit notre Ăąge, dans l’enrichissement de notre prĂ©cieuse planĂšte bleue.

Essais: À mi-course

L’arrivĂ©e Ă  la moitiĂ© d’un projet est l’occasion de regarder devant et derriĂšre soi.

Si je regarde en arriĂšre, qu’en est-il des objectifs que nous nous sommes fixĂ©s au dĂ©part ? Ils Ă©taient, pour ce projet, de bien naviguer, de raconter l’histoire de la mer Ă  notre public sur terre, de fournir tout le contenu promis de sitesALIVE, et d’arriver au bout de la course du VendĂ©e Globe.

Les avons-nous rĂ©alisĂ©s ? Nous amĂ©liorons, progressivement, notre utilisation de la capacitĂ© du bateau, et le skipper se rend compte de ce que celle-ci est peut-ĂȘtre plus importante qu’il ne le pensait. Nous avons rĂ©solu des problĂšmes que nous avions nous-mĂȘme créés (chariot de latte), ainsi que certains dont nous n’étions pas responsables (pompe de l’hydro-gĂ©nĂ©rateur). Nous avons effectuĂ© des rĂ©cits dĂ©taillĂ©s, mais peut-ĂȘtre trop sur la navigation et pas suffisamment sur la vie et la dimension humaine du VendĂ©e Globe. Nous avons livrĂ© le contenu promis, mais peut-ĂȘtre, justement, avec ce dĂ©sĂ©quilibre. Et nous ne sommes pas encore parvenus au bout de la course.

Nous nous efforcerons par consĂ©quent de mieux utiliser, pour la deuxiĂšme moitiĂ© de la course, la capacitĂ© du bateau, mĂȘme si force est de constater que la prudence qui nous caractĂ©rise, jusqu’à prĂ©sent, nous a servis. Nous travaillerons Ă  moins parler du classement des bateaux et Ă  en dire davantage sur le volet humain de l’aventure. Nous savons, par ailleurs, toute l’importance du risque et de la chance (collisions de Vincent, Kito et Thomas avec des objets immergĂ©s), et nous espĂ©rons que le Roi Neptune continuera Ă  nous sourire, ainsi qu’au reste de la flotte, et nous laissera passer.

Rien ou presque ici ne me rend plus heureux que le fait que vous, enseignants et Ă©lĂšves, ayez choisi de participer Ă  sitesALIVE avec nous ! Quand je suis fatiguĂ©, dĂ©couragĂ© ou apeurĂ©, je me dis que je suis ici pour les Ă©lĂšves, pour leur apprendre tout ce qui est en mon possible, pour leur raconter des histoires – et j’en sors revigorĂ©. Vous m’aidez vraiment Ă  poursuivre jusqu’à chez moi. Merci.

 

Essais: À mi-course

Notre prĂ©paration de Rich, en amont du VendĂ©e Globe, a Ă©tĂ© de trois ordres : physique, mentale et Ă©motionnelle. Le but Ă©tait de lui fournir les moyens de mieux gĂ©rer les journĂ©es et les nuits physiquement et moralement extĂ©nuantes qu’il s’apprĂȘtait Ă  passer sur le bateau. Nous effectuions des Ă©tirements au dĂ©but, au milieu et Ă  la fin de chaque session d’entraĂźnement, comme pour ce qui l’attendait sur le bateau, bien qu’à une plus petite Ă©chelle. Nous commencions chaque session par un Ă©chauffement. Rich effectuait un Ă©chauffement dynamique de cinq minutes pour accĂ©lĂ©rer le flux sanguin des muscles que nous nous apprĂȘtions Ă  travailler. Nous nous concentrions, alors, sur un renforcement global.

À mi-session, nous entraĂźnions ses muscles pour qu’ils acquiĂšrent le plus de force, d’endurance et de souplesse possible. Cette partie de la session Ă©tait la plus Ă©prouvante car la plus intense. Nous l’épuisions physiquement et, du mĂȘme coup, mentalement et Ă©motionnellement. Je disais Ă  Rich, pendant cette partie de chaque session, qu’il devait se concentrer sur un exercice Ă  la fois. Je savais, s’il passait le cap de cette partie, que le reste de la session s’apparenterait Ă  une navigation en douceur !

La moitiĂ© de toute compĂ©tition constitue toujours un exercice d’humilitĂ©. C’est le moment auquel votre mental et votre corps sont tentĂ©s de vous lĂącher, et oĂč vous risquez de douter du bien-fondĂ© de votre entreprise. Rich se trouve probablement en proie Ă  ce type de rĂ©flexions. Mais je suis certain qu’il ne doutera pas qu’il peut terminer la course, grĂące Ă  la prĂ©paration qu’il a subie, tant physiquement que mentalement, mais qu’il se rĂ©jouira, plutĂŽt, Ă  l’idĂ©e d’aller jusqu’au bout. Il pourra connaĂźtre quelques moments de doute, car c’est tout simplement humain, mais je sais que son esprit sera surtout envahi de pensĂ©es positives. Je crois, une fois qu’il aura franchi le cap de la moitiĂ© de la course, qu’il sera soudainement pris d’un sentiment de confiance quant au dĂ©roulement de sa traversĂ©e et Ă  sa progression vers le succĂšs.

 

Essais: Changement climatique

Nous sommes passĂ©s au large de l’üle Marion, dans l’ocĂ©an Indien, il y a quelques jours, Ă  220 milles plus au nord que lors du VendĂ©e Globe 2008. De nouvelles restrictions ont en effet Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©es, pour la course, pour des raisons de sĂ©curitĂ©, en raison des icebergs en provenance de l’Antarctique. Bien que nous ne nous soyons jamais vraiment rapprochĂ©s de la limite au nord de laquelle nous sommes tenus de nous maintenir, il est intĂ©ressant de constater que la Zone d’exclusion antarctique (dispositif de sĂ©curitĂ© instaurĂ© pour le VendĂ©e Globe 2016) se situe beaucoup plus au nord que les « portes de glace » du VendĂ©e Globe 2008.

Mes observations et la dĂ©finition de ces restrictions pour cause d’icebergs ne revĂȘtent aucun caractĂšre scientifique. Mais elles m’amĂšnent Ă  poser la question, Ă  notre expert climatique, le Dr. Jan Witting, de savoir si davantage d’icebergs se dĂ©tachent de l’Antarctique en raison du changement climatique. Le dĂ©placement du danger vers le nord peut-il s’expliquer par d’autres facteurs ?

Il ressort des observations effectuĂ©es au Groenland que les glaciers fondent et reculent. C’est un fait, pour les chercheurs, sur place, qui y retournent tous les ans pour Ă©tablir des tendances dans un sens ou dans un autre. Les clichĂ©s satellites montrent, Ă©galement, comme pour l’ocĂ©an Arctique, que la couverture de glace diminue. Il en va de mĂȘme pour les glaciers de l’Himalaya.

Ces données constituent-elles à elles seules la preuve que le climat se modifie ? Non, mais la convergence des preuves, au niveau mondial, est indiscutable, et on peut en conclure, donc, que le changement climatique est une réalité. Tout réside dans les données, et nous devons nous en remettre aux constatations et aux évaluations des experts sur le terrain. Nous pourrions souhaiter ou espérer que le climat ne soit pas en train de se modifier, mais nous ne pouvons nier les faits.

 

Essais: Changement climatique

L’Atlantique Sud, oĂč Great Americain IV fait actuellement route Ă  grande vitesse, apparaĂźtra fort similaire, pour Rich, Ă  celui qu’il a traversĂ© lors de la course de 2008. Mais si l’on y regarde de plus prĂšs, des changements non nĂ©gligeables se sont produits au niveau des ocĂ©ans et du climat de la planĂšte. Commençons par le principal facteur de ce changement climatique causĂ© par les ĂȘtres humains : les quantitĂ©s de dioxyde de carbone, dans notre atmosphĂšre, n’ont cessĂ© d’augmenter. Les niveaux, au cours des huit derniĂšres annĂ©es, depuis 2008, sont passĂ©s de 385 particules par million (ppm) Ă  407 ppm. Que reprĂ©sente cette augmentation de 22 ppm ? Les relevĂ©s effectuĂ©s sur des bulles d’air piĂ©gĂ©es dans la glace il y a trĂšs longtemps, dans l’Antarctique, montrent qu’elle est nettement plus importante que celle qui s’est produite au cours des 2 000 ans qui ont prĂ©cĂ©dĂ© l’ùre industrielle. C’est donc beaucoup, et le changement est trĂšs rapide !

Qu’est-ce que cela signifie pour les ocĂ©ans ? Tout comme l’atmosphĂšre, les ocĂ©ans se sont rĂ©chauffĂ©s, mais pas de la mĂȘme maniĂšre partout. Dans des endroits comme l’ocĂ©an Arctique, l’augmentation de la tempĂ©rature s’est avĂ©rĂ©e trĂšs importante. Mais ailleurs, dans les mers du Sud que Rich est actuellement en train de traverser, il se peut que l’ocĂ©an se soit un peu refroidi. Pourquoi ? La rĂ©ponse est : le vent. Celui-ci est provoquĂ© par la diffĂ©rence de tempĂ©rature de l’air et de pression entre deux points. L’air froid est plus dense et se traduit par une pression atmosphĂ©rique plus Ă©levĂ©e. L’air, en cas de haute pression, cherche Ă  rejoindre des zones plus chaudes de plus basse pression. L’atmosphĂšre de la planĂšte se rĂ©chauffant, les diffĂ©rences entre l’air chaud et l’air froid s’accroissent. C’est le cas, par exemple, entre l’air froid de l’Antarctique et l’air subtropical chaud voisin. Il en rĂ©sulte un renforcement des vents dans l’ocĂ©an autour de l’Antarctique. Ces vents devenus plus puissants refroidissent l’ocĂ©an par l’évaporation tout comme, quand vous transpirez, vous sentez que le vent vous rafraĂźchit !

Tout cela, cependant, concerne le climat, quand Rich doit se prĂ©occuper du temps: les successions de tempĂȘtes et de calme plat induites par le changement climatique. Au vu de ce changement climatique, les tempĂȘtes $$$ plus violentes, ce qui ne signifie pas que toutes les tempĂȘtes le sont. Souhaitons en tout Ă©tat de cause bonne chance Ă  Rich et aux autres skippers pour Ă©viter les pires !

Essais: Antarctique

Du temps du capitaine James Cook, les gens pensaient qu’il devait exister un grand continent dans l’hĂ©misphĂšre sud, Terra Australis, Ă©quilibrant le poids de l’Europe et des AmĂ©riques sur le globe terrestre. En 1774, Cook a naviguĂ© trĂšs au sud, parvenant Ă  la latitude incroyable de 71 degrĂ©s S, pour tenter de dĂ©couvrir ce continent austral, sans succĂšs. Les membres de l’équipage du phoquier amĂ©ricain Cecilia sont censĂ©s ĂȘtre les premiers Ă  avoir mis le pied sur le continent antarctique, Ă  la baie de Hughes en 1821.

Le continent a attirĂ© de grands explorateurs, entre autres Scott, Amundsen et Shackleton, ayant pour ambition de conquĂ©rir le pĂŽle Sud. Maintenant, le continent austral est habitĂ© par des scientifiques de nombreuses nationalitĂ©s, qui ont des spĂ©cialitĂ©s trĂšs variĂ©es. En vĂ©ritĂ©, le TraitĂ© sur l’Antarctique, qui rĂ©glemente le continent, doit ĂȘtre saluĂ© comme une grande rĂ©ussite diplomatique puisqu’aucune activitĂ© militaire ou exploitation miniĂšre n’y est rĂ©alisĂ©e. Le continent doit rester « intact » pendant les dĂ©cennies Ă  venir.

Des recherches importantes sur le changement climatique sont conduites dans l’Antarctique, notamment des mesures de l’épaisseur de la couche de glace Ă  terre, des Ă©tudes visant Ă  dĂ©terminer si davantage ou moins d’icebergs se dĂ©tachent du continent et dĂ©rivent en mer. Ce phĂ©nomĂšne affecte d’ailleurs le VendĂ©e Globe, dont le rĂšglement prĂ©voit une Zone d’exclusion antarctique destinĂ©e Ă  protĂ©ger les concurrents d’une collision contre un iceberg et dans laquelle nous avons l’interdiction de pĂ©nĂ©trer. Des satellites photographient les icebergs, mais peuvent seulement discerner ceux dont la longueur est supĂ©rieure Ă  80 mĂštres. À mesure que les icebergs dĂ©rivent vers le Nord et parviennent dans des eaux plus chaudes, ils se morcellent en Ă©lĂ©ments indĂ©tectables par les satellites. Dans notre course jusqu’à prĂ©sent, la ZEA a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©largie Ă  cinq reprises en raison de ces observations et de leur interprĂ©tation par les experts.

Les nombreuses expĂ©ditions en Antarctique sont une source de photos et vidĂ©os fabuleuses qui font dĂ©couvrir le continent « comme si l’on y Ă©tait ». Mais j’adorerais le voir, le sentir et l’entendre moi-mĂȘme ! Alors que je prĂ©pare les prochaines journĂ©es de navigation, je sens que je dois m’organiser un voyage en Antarctique dans les annĂ©es qui viennent. Quand on est curieux de quelque chose, il faut l’approfondir.

Essais: Art polaire

J’écris ces lignes alors que Rich vient juste de contourner la pointe sud de l’Afrique, Ă  40 degrĂ©s et 27 minutes Sud et d’avoir un premier aperçu des conditions de navigation les plus difficiles, des vents les plus forts et des vagues les plus hautes qu’il prĂ©voit de rencontrer. Il est entrĂ© dans le courant circumpolaire antarctique, qui s’écoule autour de l’Antarctique et traverse essentiellement tous les grands ocĂ©ans. Pour les skippers de haute compĂ©tition comme Rich, le fait de naviguer dans les courants les plus forts du monde a des avantages Ă©vidents, car ils les portent trĂšs rapidement. Durant des siĂšcles cependant, ce courant, avec ses conditions extrĂȘmes, s’est avĂ©rĂ© un redoutable obstacle pour les voiliers naviguant dans les mers du Sud.

Au cours des 16e, 17e et 18e siĂšcles – l’époque des grands voyages d’exploration – des thĂ©ories Ă©voquaient l’existence d’un grand continent austral en se fondant sur des notions selon lesquelles la masse totale de terre Ă  la surface de la planĂšte devait ĂȘtre Ă©quilibrĂ©e d’une maniĂšre ou d’une autre. Par consĂ©quent, il devait y avoir une quantitĂ© de terre dans l’hĂ©misphĂšre sud Ă©quivalente Ă  celle de l’hĂ©misphĂšre nord. Les contours de ce continent imaginaire apparaissent mĂȘme sur des cartes et mappemondes, le dĂ©signant sous le nom de Terra Australis Nondum Cognita, latin pour Terre australe inconnue. Personne ne l’avait jamais vu, mais l’on croyait fermement qu’il devait exister.

Bien que ces thĂ©ories soient fausses, il existe rĂ©ellement un continent « en bas » de la planĂšte. Le capitaine James Cook a rencontrĂ© un vaste champ d’icebergs au cours de son second voyage dans les annĂ©es 1770 et le peintre officiel du bord en a fait des croquis et finalement une gravure pour illustrer le compte rendu du voyage. Aux alentours de 1840, plusieurs expĂ©ditions ont prĂ©tendu avoir vu le continent Antarctique. Une estampe fabuleuse de l’artiste expĂ©ditionnaire français Louis Le Breton montre des hommes en proie Ă  une grande excitation qui escaladent des rochers depuis de petites embarcations, observĂ©s par des manchots perchĂ©s plus haut, la scĂšne Ă©tant environnĂ©e de hauts icebergs. Ces dangereux blocs de glace dĂ©rivant autour de l’Antarctique ont inspirĂ©s les artistes des expĂ©ditions pendant de nombreuses annĂ©es aprĂšs, sans doute aussi parce que leurs dimensions Ă©voquaient la puissance prodigieuse de la nature et ses pĂ©rils, et qu’ils constituaient un sujet nettement plus spectaculaire que les champs de neige dĂ©serts s’étalant Ă  perte de vue sur le continent. L’Antarctique fascine les artistes jusqu’à notre Ă©poque, nombre d’entre eux aimant s’inscrire en faux contre nos idĂ©es prĂ©conçues d’un environnement monotone et sans couleur. Depuis les annĂ©es 1950, le programme d’aide aux artistes et Ă©crivains de l’agence amĂ©ricaine National Science Foundation (Antarctic Artists & Writers Program) a sponsorisĂ© les Ɠuvres de plus de 100 artistes souhaitant visiter l’Antarctique dans le cadre de leur travail.

Essais: Lieux invisibles

En mer, nous voyons de grandes Ă©tendues de l’ocĂ©an, et donc de la planĂšte. Parfois au cours d’un long voyage ocĂ©anique, nous nous rapprochons des cĂŽtes, mais nous sommes le plus souvent Ă  des centaines de milles au large de toute terre. Dans les deux cas, j’aime penser aux populations, aux lieux, aux cultures, juste au-delĂ  de l’horizon !

Dans ce voyage, nous sommes passĂ©s prĂšs du Cap Finisterre et j’ai pu voir les lumiĂšres des villes espagnoles. Lors de notre voyage de Hong Kong Ă  New York en 2003, nous sommes passĂ©s entre les Ăźles indonĂ©siennes de Java et Sumatra, et je pouvais percevoir les senteurs Ă©picĂ©es de Sumatra. Au cours de notre voyage San Francisco – Boston en 1993, nous avons vu les lumiĂšres de Recife, au BrĂ©sil, en naviguant au large de cette ville, et plus tard nous avons Ă©tĂ© couverts de la poussiĂšre portĂ©e par le vent depuis le Sahara distant de deux mille kilomĂštres. Il s’agissait de liens directs avec la terre.

Cependant, s’il n’y a pas de lien direct, il faut recourir Ă  sa propre imagination. Qui sont ces gens, lĂ , tout prĂšs ? Quelle langue parlent-ils ? Quelle est leur religion ? À quoi ressemblent leur culture, leur art, leur littĂ©rature et leur musique ? Comment est la gĂ©ographie, la topographie, qu’en est-il de la politique et du gouvernement ?

C’est une curiositĂ© simple et amicale Ă  l’égard de nos voisins sur la planĂšte. Ils sont probablement plus semblables Ă  nous que diffĂ©rents. Il est probable qu’ils souhaitent aussi vivre une existence paisible, une bonne santĂ© pour leur famille, avoir suffisamment de quoi manger, un logement sĂ»r, et un meilleur avenir pour leurs enfants que celui qui leur est destinĂ©.

Tout comme une belle nuit Ă©toilĂ©e incite Ă  imaginer sa propre place dans l’univers, cette rĂȘverie de marin au sujet des gens et des choses qui se trouvent juste au-delĂ  de l’horizon nous aide Ă  rĂ©flĂ©chir sur notre rĂŽle et notre place sur la planĂšte Terre.

Essais: Lieux invisibles

La premiĂšre fois que je suis parti sur la mer avec un bateau (j’avais 5 ans), j’ai ressenti plusieurs sensations trĂšs fortes : l’entrĂ©e dans un autre monde avec des couleurs diffĂ©rentes, une odeur diffĂ©rente, et des sensations diffĂ©rentes ; l’impression de me dĂ©placer sur un ĂȘtre vivant, mouvant et sentant fortement l’iode. J’ai aussi ressenti une certaine humilitĂ©, l’impression d’une grande vulnĂ©rabilitĂ© mais aussi le fort dĂ©sir de dĂ©couvrir, de connaĂźtre et d’apprivoiser ce monde plein de mystĂšres.

La premiĂšre fois que j’ai traversĂ© l’OcĂ©an Atlantique, j’ai dĂ©couvert l’immensitĂ© de ce dĂ©sert liquid et j’ai rĂ©alisĂ© que notre planĂšte Ă©tait vraiment trĂšs grande. Nous faisions route vers l’ouest, vers l’AmĂ©rique et les jours puis les semaines passaient et l’on ne voyait toujours pas de terre devant nous. La vie semblait absente : pas d’oiseaux au grand large, ni de poissons et peu de baleines. Un monde solitaire et sauvage, sans autre repĂšre que les astres et si loin des hommes et de la civilisation.

La nuit l’on avance sans voir le paysage dĂ©filer, la voute cĂ©leste est notre seule vision et l’on se sent seul dans l’univers.

Le jour, la mer est lĂ  avec les vagues, les nuages, le soleil et parfois un animal marin ou un oiseau de passage ; l’on peut passer prĂšs d’une terre sans la voir et cela est trĂšs frustrant. Je me souviens d’ĂȘtre passĂ© Ă  proximitĂ© de l’üle de Madagascar en OcĂ©an Indien ; la terre Ă©tait Ă  environ une vingtaine de miles et l’on pouvait sentir l’odeur un peu Ă©picĂ©e de sa vĂ©gĂ©tation, voir les nuages cĂŽtiers et ressentir tout simplement la prĂ©sence de cette trĂšs grande Ăźle, mais rien Ă  l’horizon, la Terre Ă©tait comme irrĂ©elle.

Les concurrents du VendĂ©e Globe Challenge vont parcourir plus de 24.000 milles, soit le tour entire de notre planĂšte sans ne jamais apercevoir la terre si ce n’est quelques sommets lointains de quelque Ăźle isolĂ©e
Pendant trois mois ils ne vont voir que les millions de mĂštres cubes d’eau sale qui constituent la mer, les ocĂ©ans. Dans ces grandes solitudes dĂ©sertes qu’ils vont parcourir, la civilisation leur semblera bien loin et tous, Ă  un moment donnĂ© vont se demander si l’humanitĂ© existe toujours, est-elle rĂ©elle ? C’est dans ces grands dĂ©serts liquides que l’homme se sent insignifiant et vulnĂ©rable, et c’est lĂ  plus que nulle part ailleurs qu’il doit avoir conscience de prĂ©server et de protĂ©ger cette sphĂšre de vie finalement fragile.

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Essais: Pollution marine

Nous avons de belles conditions, aujourd’hui, en mer. Nous nous trouvons Ă  300 milles Ă  l’est de Recife, au BrĂ©sil. Le ciel est bleu et parsemĂ© de nuages blancs floconneux, et la mer, Ă  part quelques vagues, par endroits, coiffĂ©es d’un peu de mousse, est d’un bleu profond qui scintille au soleil. L’ocĂ©an a-t-il l’air polluĂ© ? Non, il est magnifique.

Mais le fait qu’il n’ait pas l’air polluĂ© ne signifie pas qu’il ne l’est pas. Je ne vois qu’une traĂźnĂ©e Ă©troite, de chaque cĂŽtĂ© du bateau, et seulement le jour et quand je suis sur le pont. Nous devrons poser la question Ă  un expert pour y rĂ©pondre correctement. Si nous devions acheter une maison, nous consulterions un professionnel de l’immobilier et, si nous Ă©tions malades, un mĂ©decin. Nous avons besoin de scientifiques formĂ©s s’appuyant sur des donnĂ©es objectives, et spĂ©cialistes des questions environnementales, pour nous guider, Ă  partir de leurs recherches, et non pas uniquement de leur opinion.

Qu’en disent, donc, les experts ? Que les ocĂ©ans sont polluĂ©s, et qu’ils le sont de plus en plus. Existe-t-il un grand « vortex de dĂ©chets », dans l’ocĂ©an atlantique, si dense que l’on pourrait marcher dessus ? Non, pas de la maniĂšre dont les mĂ©dias le dĂ©crivent. Mais il existe effectivement une vaste zone de haute concentration de minuscules dĂ©chets plastiques issus des rejets provoquĂ©s par l’activitĂ© humaine, entraĂźnĂ©s par les courants ocĂ©aniques.

Les plastiques sont un problĂšme dans la mesure oĂč ils se retrouvent dans la chaĂźne alimentaire des poissons, dont nous avons besoin comme source de protĂ©ines. La pollution des cĂŽtes par le pĂ©trole entraĂźne la contamination des zones humides. La pollution des fleuves et des cours d’eau par les produits chimiques, celle des nappes phrĂ©atiques et des poissons destinĂ©s Ă  la pĂȘche.

L’étendue et les caractĂ©ristiques de ces phĂ©nomĂšnes, pour concevoir des solutions, doivent ĂȘtre analysĂ©s. Nous avons besoin que des recherches soient conduites sur la base de donnĂ©es objectives, par des scientifiques compĂ©tents, capables de les interprĂ©ter, et auxquels le public profane doit pouvoir s’en remettre.

Essais: Du plastique dans nos océans

Vous ĂȘtes-vous jamais demandĂ© ce que les pailles en plastique que vous utilisez une fois puis que vous jetez devenaient ?

La rĂ©ponse dĂ©pend de l’endroit de la planĂšte oĂč vous vivez. Dans certains endroits, les pailles sont probablement enterrĂ©es dans des dĂ©charges ou brĂ»lĂ©es pour produire de l’énergie dans des centrales Ă©lectriques. Dans d’autres parties du monde oĂč les poubelles, les camions Ă  ordures ou les lieux oĂč stocker de tels dĂ©chets en toute sĂ©curitĂ© peuvent ne pas ĂȘtre suffisamment nombreux, le plastique est susceptible de se retrouver dans les fleuves, sur les plages ou dans la mer.

La quantitĂ© de dĂ©chets de matiĂšres plastiques dĂ©versĂ©es dans les ocĂ©ans chaque annĂ©e est estimĂ©e Ă  huit millions de tonnes mĂ©triques. C’est suffisamment de plastique pour aligner les uns derriĂšre les autres, sur la totalitĂ© des littoraux du monde, des tas de cinq sacs de provisions en plastique eux-mĂȘmes remplis de plastique. Qu’advient-il de tout ce plastique ?

La plus grande partie des emballages en plastique que nous utilisons terminent en fragments flottants plus petits que le pouce, qui s’accumulent sur de vastes zones, en mer, appelĂ©es « vortex de dĂ©chets ». Il ne s’agit pas de dĂ©charges gĂ©antes ni d’üles de dĂ©chets de plastique, mais plutĂŽt de millions de petits bouts charriĂ©s par les courants de surface des ocĂ©ans, jusqu’ Ă  se retrouver coincĂ©s dans les zones en question.

Ces petits bouts de plastique peuvent finir ingurgitĂ©s par les animaux marins, des plus petits comme le plancton aux plus gros comme les baleines, de mĂȘme que par les poissons et les crustacĂ©s que nous aimons dĂ©guster. Nous ne sommes pas certains de l’effet que le plastique peut avoir sur les animaux, ou s’il est susceptible d’affecter les ĂȘtres humains qui les mangent, mais une chose est sĂ»re : vous ne prendriez pas de plastique pour le dĂ©jeuner !

Le meilleur moyen de mettre fin Ă  cette pollution au plastique est tout simplement d’en utiliser moins. Renoncez aux pailles. Choisissez des rĂ©cipients et des sacs rĂ©utilisables plutĂŽt que jetables aprĂšs une seule utilisation. Recyclez quand vous pouvez. Et sensibilisez vos amis et votre famille Ă  ce problĂšme de pollution, que nous pouvons tous contribuer Ă  rĂ©soudre en effectuant de petits changements dans notre quotidien.

Essais: Franchissement de l’Équateur

Pour un marin, le franchissement de la Ligne est toujours un Ă©vĂ©nement, quel que soit le nombre de fois qu’il l’a vĂ©cue. Sur le GPS, le Nord devient le Sud (ou inversement). La Ligne n’est pas marquĂ©e par des bouĂ©es, en trigonomĂ©trie sphĂ©rique, mais uniquement par des signes (+ ou -).

De nouvelles Ă©toiles et constellations impossibles Ă  voir de l’autre cĂŽtĂ© de la Ligne apparaissent. Polaris, notre ancrage cĂ©leste dans l’hĂ©misphĂšre Nord, disparaĂźt Ă  l’horizon, dans notre sillage, lorsque nous franchissons la Ligne en direction du sud.

Comme le veut une tradition, dans le monde marin, suivie par tous, ceux qui ont dĂ©jĂ  franchi la Ligne doivent initier ceux qui la franchissent pour la premiĂšre fois, Ă  l’occasion d’une cĂ©rĂ©monie oĂč les novices sont humiliĂ©s et interrogĂ©s sur la question de savoir s’ils sont dignes de pĂ©nĂ©trer dans l’univers du roi Neptune, Ă  qui ils doivent tĂ©moigner leur respect. Selon la lĂ©gende, l’Ancien marin a offensĂ© le roi Neptune en tirant sur l’Albatros, et le malheur s’est abattu sur son navire.

J’ai franchi la Ligne 11 fois Ă  bord d’un navire de marchandises, le New Zealand Pacific – le Big Red Lady pour les intimes –, aprĂšs notre sauvetage, en 1990, au large du cap Horn. Les marins marchands de ce navire eux-mĂȘmes ont Ă©tĂ© cĂ©rĂ©monieusement aspergĂ©s d’eau de cale et de carburant usagĂ©, lors de leur premier franchissement de la Ligne, humiliĂ©s, questionnĂ©s, humiliĂ©s encore, et alors seulement autorisĂ©s Ă  la franchir. J’ai Ă©tĂ© heureux de constater que ces marins d’un grand professionnalisme Ă©taient fidĂšles Ă  cette tradition du monde des ocĂ©ans.

Lorsque nous franchirons la Ligne, dans quelques jours, je me demanderai, comme en 2008, quelles aventures et sensations nous expĂ©rimenterions, Ă  quelles calamitĂ©s et Ă  quelles merveilles nous assisterions, et quelles Ă©preuves nous subirions, avant de la franchir de nouveau, dans le sens opposĂ©, en direction du Nord. Nous affronterons des vents violents, apercevrons peut-ĂȘtre des aurores australes, souffrirons du froid et ressentirons de la peur, avant de contourner le cap Horn et de faire route de nouveau vers le nord. Le Sud : qu’est-ce qui nous y attend ? Nous aurons beau faire de notre mieux, seul le roi Neptune en dĂ©cidera.

Essais: Franchissement de l’Équateur

On parle souvent de « tracer une ligne dans le sable », autrement dit une frontiĂšre impossible Ă  franchir sans de graves consĂ©quences. Le skipper Rich Wilson, la semaine prochaine, franchira une ligne dans l’eau. Bien que personne ne puisse voir cette ligne entre les vagues de l’ocĂ©an, l’Équateur constitue une vĂ©ritable frontiĂšre entre les hĂ©misphĂšres sud et nord. Le soleil et les planĂštes, au niveau de l’Équateur, passent plus prĂšs au-dessus de nos tĂȘtes, les tempĂ©ratures en mer fluctuent peu d’une saison Ă  l’autre, et la circonfĂ©rence de la Terre y est plus grande. Et, plus important peut-ĂȘtre pour qui navigue du nord au sud, l’Équateur marque le passage du navire dans l’univers mythique du roi Neptune.

Dans la zone de vents faibles – voire d’absence de vent – de la rĂ©gion dite « du Pot-au-noir », Ă  proximitĂ© de l’Équateur, les navigateurs europĂ©ens, au cours des siĂšcles, avaient tout le temps pour se livrer Ă  leurs mĂ©faits. Les plus expĂ©rimentĂ©s soumettaient les nouvelles recrues Ă  un rite de passage qui pouvait notamment consister Ă  asperger leur visage des eaux croupies du bateau, Ă  raser leur barbe avec de grossiers morceaux de fer qui leur dĂ©chiraient la peau, Ă  les faire ingurgiter de l’eau salĂ©e, Ă  les fouetter, et Ă  les contraindre de se baigner, les yeux bandĂ©s, dans des piscines de fortune (des voiles remplies d’eau de mer). Un des aĂźnĂ©s des navigateurs se dĂ©guisait en roi Neptune et prĂ©sidait Ă  ces agissements. Une fois le rite d’initiation terminĂ©, l’équipage reprenait sa route vers les mers du Sud, sans savoir quels dangers les y attendaient.

Sur les navires oĂč de telles cĂ©rĂ©monies de franchissement de la Ligne Ă©taient organisĂ©es, aucun des navigateurs qui l’effectuaient pour la premiĂšre fois ne pouvait prĂ©tendre en ĂȘtre dispensĂ©. Charles Darwin a vĂ©cu cette expĂ©rience peu gratifiante, en 1832, Ă  bord du HMS Beagle, qui l’a amenĂ© Ă  la dĂ©couverte de la faune fascinante des Ăźles Galapagos.

Rich a effectuĂ© le grand saut vers le Sud, au-delĂ  de la Ligne, Ă  plusieurs reprises. MĂȘme si c’était sa premiĂšre traversĂ©e, il n’y aurait personne Ă  bord de Great American IV pour l’initier – exceptĂ©, peut-ĂȘtre, le roi Neptune lui-mĂȘme.

Essais: Transport maritime

Le transport maritime est une industrie invisible et pourtant essentielle. Environ 90 % des marchandises, dans le monde, sont transportĂ©es jusqu’à leur destination par navire. Il se peut que vous aperceviez, un navire, de temps en temps, depuis la terre, si vous vivez Ă  proximitĂ© d’un port. Au niveau des goulets d’étranglement des itinĂ©raires des navires tels que le canal de Panama et de Suez et les dĂ©troits de Malacca et de Gibraltar, vous pourrez voir un grand nombre de navires, de toutes sortes, et leurs immenses cargaisons.

Nous avons franchi le cap FinistĂšre (la « fin de la terre »), le coin nord-ouest de l’Espagne. Les navires en provenance d’AmĂ©rique du Sud, d’Afrique, de Mer mĂ©diterranĂ©e et d’Asie faisant route vers les ports d’Europe du Nord, via le canal de Panama, longent tous ce coin de terre, quelle que soit leur direction. En raison du risque de collision posĂ© par le phĂ©nomĂšne de congestion qui s’y produit, combinĂ© Ă  la fĂ©rocitĂ© des tempĂȘtes qui sĂ©vissent, l’hiver dans la baie de Biscaye, il a Ă©tĂ© jugĂ© important d’organiser le passage des navires au niveau de ce coin de terre prononcĂ©. Ainsi, tel les lignes peintes sur une autoroute, celles des zones de sĂ©paration du trafic apparaissent sur la carte, les navires Ă©tant tenus d’emprunter leurs voies respectives. La zone est constituĂ©e de quatre voies d’une largeur d’environ 6,5 km chacune, pour une largeur totale de la zone de 35 km.

Les navires sont repĂ©rĂ©s par le systĂšme d’identification automatique (SIA), et reprĂ©sentĂ©s sur notre carte informatique (en fonction de leur position, de leur direction, de leur vitesse et de leur type). J’ai pu voir, la nuit derniĂšre, un pĂ©trolier, un cargo de blĂ©, un navire de croisiĂšre, de multiples porte-conteneurs et un transporteur de marchandises diverses.

Nous avons franchi ce coin de terre (et subi l’un de ces fameux coup de vent de la baie de Biscaye !), Ă  bord du New Zealand Pacific, en 1990, aprĂšs avoir Ă©tĂ© secourus par ce bateau, au large du cap Horn, suite Ă  notre double chavirage, au cours d’un itinĂ©raire de 18 jours en direction de Vlissingen, aux Pays-Bas. Ce navire Ă©tait, Ă  l’époque, le plus grand porte-conteneur rĂ©frigĂ©rĂ© au monde. Le navire Ă©tait fascinant de par sa complexitĂ© technique, et l’équipage Ă©poustouflant de par ses compĂ©tences, sa diligence et son ardeur Ă  faire fonctionner un tel navire, dans un environnement hostile. Et tout cela, sur Terre, passe inaperçu !

La prochaine fois que vous faites le plein d’un carburant acheminĂ© depuis l’étranger par un pĂ©trolier, que vous mangez un sandwich Ă  base d’un pain fabriquĂ© avec de la farine australienne arrivĂ© Ă  bord d’un vraquier, ou que vous enfilez une paire de chaussures transportĂ©es, par porte-conteneur, depuis l’ExtrĂȘme Orient, pensez Ă  ces marins au moral d’acier qui en ont assurĂ© le transport, et remerciez-les pour leurs compĂ©tences et leur expertise !

Cape Finistere Traffic Separation Zone. Great American IV is the red boat heading southwest. Green are ships entering the northbound lane as identified by AIS. Ships do not appear in the other lanes because the range of AIS is not long enough for us to see them. Green boat behind Great American IV, also heading Southwest, is Alan Roura, Swiss skipper for Vendée Globe.

Zone de sĂ©paration du trafic du cap FinistĂšre. Great American IV est le bateau rouge faisant route vers le sud-ouest. Les bateaux verts sont ceux qui s’engagent dans la voie en direction du nord reprĂ©sentĂ©e sur l’écran du systĂšme d’identification automatique (SIA). Les bateaux n’apparaissent pas dans les autres voies car la portĂ©e du SIA n’est pas assez importante pour les voir. Le bateau vert derriĂšre Great American IV, qui se dirige lui aussi vers le sud-ouest, est celui d’Alan Roura, le skipper suisse du VendĂ©e Globe.

Essais: Transport maritime

Rares sont ceux qui se posent la question de savoir comment les produits qu’ils utilisent chez eux au quotidien sont parvenus jusqu’à eux. Le volume des Ă©changes commerciaux, dans le monde, est plus important que jamais, et 98 % des marchandises importĂ©es par les États-Unis et la plupart des autres pays arrivent par la mer. Seuls les personnes et les colis les moins volumineux sont acheminĂ©s par avion. Des navires gĂ©ants pesant jusqu’à 330 000 tonnes assurent le transport du pĂ©trole brut jusqu’aux raffineries. Le kĂ©rosĂšne et l’huile Ă  chauffage pour les raffineries arrivent dans nos ports, en vue de leur distribution, Ă  bord de transporteurs de produits pĂ©troliers. Des vraquiers pouvant peser jusqu’à 440 000 tonnes transportent le minerai de fer, le charbon, l’alumine, le maĂŻs, le blĂ© et les autres produits « secs ». La cargaison des transbordeurs de vĂ©hicules – de vĂ©ritables parking flottants de 13 Ă©tages – peut atteindre 8 000 unitĂ©s. Les porte-conteneurs – de nos jours les plus gros navires – peuvent transporter jusqu’à 20 000 conteneurs de la taille, pour chacun, d’un camion de 18 tonnes. Des millions de ces conteneurs pleins Ă  craquer de biens manufacturĂ©s arrivent chaque annĂ©e dans les ports du monde entier.

Mais le transport maritime est une industrie « cachĂ©e », sauf pour les habitants de localitĂ©s, en bord de mer, proches d’un port majeur. Les navires passent plus de 90 % d’une existence, en mer, au-delĂ  de l’horizon, dont seuls les autres navires ou les dauphins les plus curieux sont tĂ©moins. Avant l’invention de la radio de haute mer par Marconi, lorsqu’un navire quittait le port, deux scĂ©narios Ă©taient possibles : soit ils arrivaient Ă  destination, soit l’on n’en entendait plus jamais parler. Des milliers de navires et des centaines de milliers de navigateurs ont disparu au cours des siĂšcles. La radio et le morse, il y a 110 ans, ont changĂ© tout cela. La radio a Ă©tĂ© utilisĂ©e pour la premiĂšre fois pour un sauvetage, en 1912, lors de la fameuse tragĂ©die du Titanic, l’exemple de « SOS » demeurĂ© Ă  ce jour le plus cĂ©lĂšbre de l’histoire. L’appel a Ă©tĂ© dĂ©tectĂ© par le paquebot Carpathia, qui est arrivĂ© quelques heures plus tard et a secouru 700 personnes sur les 2 000 passagers initiaux.

L’équipage des navires marchands (non militaires) est gĂ©nĂ©ralement composĂ© de 20 Ă  25 marins correctement formĂ©s de nombreuses nationalitĂ©s. Ces navigateurs professionnels mĂšnent une existence relativement solitaire, lorsqu’ils se trouvent Ă  bord de leurs navires, les communications satellite constituant alors pour eux le seul lien avec le monde extĂ©rieur. Les marins passent en gĂ©nĂ©ral six mois en mer puis six mois chez eux. La plupart des marins sont des hommes, bien que le nombre de femmes tentĂ©es par une carriĂšre en mer ne cesse d’augmenter. Les familles de marins peuvent ĂȘtre soumis Ă  un stress important, en raison de la sĂ©paration, la disponibilitĂ© croissante des communications satellite constituant pour cela une Ă©volution positive. C’est par satellite que Rich Wilson communiquera avec nous tous, pendant le VendĂ©e Globe. Il n’en demeurera pas moins relativement seul et isolĂ©, dans certains points particuliĂšrement reculĂ©s de la Terre, oĂč les autres concurrents constitueront les secours potentiels les plus proches.

Essais: Suivre ses rĂȘves

J’ai lu des livres, quand j’étais enfant, sur les grands navigateurs autour du monde en solitaire : Joshua Slocum, Francis Chichester, Bernard Moitessier. Leurs aventures, leur courage, leurs aptitudes et la maniĂšre qu’ils avaient de suivre leurs rĂȘves me fascinaient. Je me suis demandĂ© si je pourrais jamais faire preuve des mĂȘmes intelligence, force et bravoure qu’eux, et tenter les mĂȘmes dĂ©fis.

Je me suis Ă©galement dĂ©couvert une passion pour l’enseignement et la transmission, aux Ă©tudiants, de ma connaissance des opportunitĂ©s qui Ă©taient susceptibles de s’offrir Ă  eux dans ce monde. Je ne suis pas parvenu Ă  allier mes deux passions avant un certain Ăąge. J’ai vĂ©cu ma premiĂšre aventure en mer en connexion avec des classes d’école auxquelles nous avons ainsi donnĂ© des cours de science, de gĂ©ographie et de mathĂ©matiques en lien avec le monde rĂ©el. C’est ainsi que sitesALIVE! est nĂ©.

Vous rĂ©aliserez vos rĂȘves, tĂŽt ou tard, mais uniquement si vous ne les perdez jamais de vue, et si vous y travaillez constamment, de sorte que vous soyez prĂȘt, le moment venu, Ă  les concrĂ©tiser. Comme on le dit pour le VendĂ©e Globe, vous ne pouvez pas gagner si vous ne terminez pas. Vous devez donc sans cesse travailler Ă  la rĂ©alisation de votre passion.

Le premier aventurier, dans ma famille, fut ma mĂšre. Elle a grandi Ă  Tacoma, dans l’État de Washington. Elle est allĂ©e vivre Ă  Fairbanks, aprĂšs ses Ă©tudes, oĂč elle a animĂ© une Ă©mission de la premiĂšre station de radio de l’Alaska intitulĂ©e « Tundra Topic at KFAR ». On s’imagine la vie d’une femme cĂ©libataire Ă  la frontiĂšre de l’Alaska en 1940 ! Elle a toujours affirmĂ© modestement : « J’ai profitĂ© de formidables opportunitĂ©s. » J’admire la façon qu’avait ma mĂšre de toujours accepter ces « opportunitĂ©s », qui en auraient dissuadĂ© plus d’un. Elle Ă©tait consciente de l’incertitude qui prĂ©valait, mais n’a jamais hĂ©sitĂ© Ă  prendre les risques qu’il fallait, quitte Ă  renoncer Ă  un certain confort.

Ce programme sitesALIVE! est l’aboutissement d’un rĂȘve sur lequel nous travaillons depuis 25 ans : un programme scolaire connectĂ© Ă  un Ă©vĂ©nement live, tous deux d’une dimension vĂ©ritablement mondiale. Le bateau, moi-mĂȘme et sitesALIVE! : tout est prĂȘt ! Nous sommes sur le point de nous embarquer dans une fabuleuse aventure en mer, pour un rĂ©sultat incertain. Oui, le risque en vaut Ă  n’en pas douter la chandelle. Bienvenue Ă  bord !

Essais: Suivre ses rĂȘves

Je n’ai jamais rien voulu faire d’autre qu’étudier l’espace. J’ai grandi dans une rĂ©gion d’extraction de l’anthracite, dans l’est de la Pennsylvanie, oĂč il n’était pas possible de s’initier Ă  la science Ă  travers des activitĂ©s qu’auraient proposĂ© des scientifiques ou un Ă©tablissement d’enseignement supĂ©rieur. Mais le fait de vivre dans cette rĂ©gion n’a pas prĂ©sentĂ© que des inconvĂ©nients, car la nuit le ciel Ă©tait noir, et c’est ce dont j’avais vraiment le plus besoin. À l’école primaire et au collĂšge, je me procurais des livres, Ă  la bibliothĂšque, dans lesquels j’ai appris, par moi-mĂȘme, l’astronomie, la physique et l’optique. Avec l’aide de mon grand-pĂšre, un homme particuliĂšrement intelligent qui avait quittĂ© l’école alors qu’il n’était qu’en huitiĂšme pour aller travailler Ă  la mine, afin de soutenir sa famille, je me suis achetĂ© des tĂ©lescopes pour observer le ciel. J’y passais des heures entiĂšres, apprenant la position de toutes les Ă©toiles qui scintillaient dans le ciel, ainsi que celle des principales galaxies et nĂ©buleuses. J’ai observĂ© toutes les planĂštes, sauf Pluto (qui Ă©tait une planĂšte noire Ă  l’époque).

J’ai intĂ©grĂ© l’universitĂ© de Pennsylvanie, oĂč j’ai Ă©tudiĂ© l’astronomie et la gĂ©ologie, puis la Brown University, oĂč j’ai dĂ©crochĂ© ma maĂźtrise et mon doctorat de gĂ©ophysique planĂ©taire. J’ai travaillĂ© au NASA Goddard Space Flight Center, aprĂšs mes Ă©tudes, oĂč j’ai participĂ© Ă  des missions de robotique pour Mars et pour la Lune. Mais j’avais envie de travailler avec des Ă©tudiants, alors je suis devenu professeur Ă  l’universitĂ© Johns Hopkins, puis au Massachusetts Institute of Technology. L’extraordinaire opportunitĂ© m’a Ă©tĂ© offerte de travailler sur de nombreuses missions spatiales avec de fabuleux collĂšgues et Ă©tudiants d’universitĂ©s, de centres de la NASA et de l’industrie. J’ai travaillĂ© dur, mais mon gagne-pain consistait Ă  explorer le systĂšme solaire, donc comment aurais-je pu rĂȘver mieux ? Imaginez que votre hobby devienne votre travail. C’est mon cas.

Essais: Préparation

Michel Desjoyeaux, le seul Ă  avoir remportĂ© deux fois le VendĂ©e Globe, a dĂ©clarĂ© un jour : « La course se gagne avant le dĂ©part. » C’est dire, en d’autres termes, l’importance de la prĂ©paration.

Les trois volets de notre prĂ©paration sont : le skipper, le bateau et notre programme pĂ©dagogique sitesALIVE! Nous disposons heureusement de formidables Ă©quipes intelligentes, expĂ©rimentĂ©es, crĂ©atives et travailleuses pour chacun de ces volets. Bien qu’il s’agisse d’une course en solitaire, je ne naviguerai pas que pour moi. Je naviguerai pour nos Ă©quipes et pour vous, les Ă©lĂšves, car vous ĂȘtes le principal motif de notre entreprise.

Je me suis de nouveau entraĂźnĂ©, pour ma prĂ©paration physique, avec Marti Shea (voir notre Équipe d’experts). Marti est une ancienne coureuse de fond et championne cycliste amĂ©ricain, et une entraĂźneuse imaginative et exigeante. Elle m’a dit qu’à l’exception d’une certaine diminution naturelle de ma forme physique, due Ă  mon Ăąge (elle a estimĂ© la perte Ă  5 %), j’étais en aussi bonne forme que lors de notre participation au VendĂ©e Globe 2008-2009, huit ans auparavant, que nous avions effectuĂ© jusqu’à la ligne d’arrivĂ©e.

GAIV Technical Team

De gauche Ă  droite: Rich Wilson, Joff Brown, Jonathan Green, Rob Sleep, Olly Young, Hugues Riousse

En ce qui concerne le bateau, Great American IV (anciennement Mirabaud, sur lequel naviguera Ă©galement le skipper suisse Dominique Wavre, et construit en Nouvelle-ZĂ©lande en 2006), notre directeur technique sera Joff Brown (de langue anglaise), qui a occupĂ© les fonctions de capitaine pour trois bateaux du VendĂ©e Globe ayant effectuĂ© la course avec succĂšs. Son souci du dĂ©tail est remarquable. Une telle attitude s’impose, car la rĂ©ussite ou l’échec du VendĂ©e Globe, avec une machine d’une extrĂȘme complexitĂ© amenĂ©e Ă  fonctionner dans un environnement hostile, peut en effet dĂ©pendre du moindre dĂ©tail.

Nous disposons, pour notre programme sitesALIVE!, d’une Ă©quipe aux multiples talents encadrĂ©e par Rick Simpson et Lauren Zike. en charge de la supervision de notre partenariat mondial et de la diffusion de son contenu dans 50 pays, en quatre langues. Notre programme pĂ©dagogique, le site Internet, notre Équipe d’experts : tout est prĂȘt.

Nous travaillons à cette préparation depuis trois ans : il est temps, maintenant, de prendre la mer !