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Bonjour Rich, tout d’abord, félicitations pour votre progression ! On dirait que vous n’êtes plus qu’à 170 milles nautiques de la zone d’exclusion ! La zone d’exclusion interdite à cause de la présence de blocs de glace s’est étendue depuis la dernière course. La principale raison en est l’augmentation du nombre d’icebergs dérivant dans l’océan Austral. Leur trajectoire est suivie par satellite depuis 1976. Le nombre d’icebergs repérés chaque année est passé, depuis cette date, de 10 à plus de 45 !

Les icebergs sont engendrés, ou vêlés, par leur détachement des grands glaciers de l’Antarctique qui, en principe, flotte lentement en direction de l’océan. La vitesse de déplacement de la glace a beaucoup augmenté au cours des deux ou trois dernières décennies, probablement à cause du réchauffement tant de l’atmosphère que des océans. Mais il n’est pas facile de déterminer ce qui a pu se produire, et cela nécessite un énorme travail pénible dans un froid extrême et des conditions très difficiles. Des scientifiques ont par exemple décelé, ces deux ou trois derniers mois, la formation d’énormes failles dans le Glacier de l’île du Pin, l’un des courants glaciaires majeurs dont sont issus les icebergs.

Il est normal que des failles se forment sur les bords du glacier lorsque des icebergs sont vêlés, mais les failles détectées sont situées au beau milieu du glacier. Cela signifie qu’un affaiblissement du glacier a lieu à un endroit où l’on pensait qu’il était stable. Les scientifiques, sur le terrain, pensent que l’eau des océans qui se réchauffe est passée sous le glacier, entre la glace et le lit de roche qui le supporte, et qu’il fond depuis cet endroit. Des blocs de glace d’une longueur comprise entre 20 et 30 kilomètres (tu imagines, six fois celle de Manhattan !), se sont détachés du Glacier de l’île de Pin. Ils dérivent, depuis, dans l’océan Austral. Ils fondent et se désintègrent lentement, en de plus petits blocs appelés « fragments » ou « bourguignons ».

Les vents expliquent, également, l’extension de la zone d’exclusion. Des vents ont soufflé en permanence, cette année, provoquant une dérive des icebergs plus loin encore de l’Antarctique. Le déplacement de ces icebergs est suivi par satellite, en raison du très important danger qu’ils représentent pour les bateaux – ce que tu ne sais que trop bien ! Différents organismes, dans le monde, utilisent les données de détection des satellites pour diffuser des avis à l’attention des marins à propos de ce danger. Les organisateurs de la course ont déterminé, à partir de ces données, le tracé de la zone d’exclusion.

– Question soumise par Rich, à bord du Great American IV