Nous sommes des témoins directs, en tant qu’habitants de la Nouvelle-Angleterre, où se situent les ports de pêches majeurs de Gloucester et de New Bedford, de la situation des pêcheries. Les principaux stocks, au cours du dernier demi-siècle, ont considérablement diminué. En ce qui concerne les Grands Bancs, au large du Canada, les stocks de morue, qui faisaient partie des plus importants de l’histoire de la pêche, ont été si largement épuisés que la pêche de ce poisson, dans cette région, a été totalement interdite.
Il existe, ailleurs dans le monde, des situations similaires. L’augmentation exponentielle de la population mondiale constitue l’un des défis. Les êtres humains ont besoin de protéines, dont le poisson constitue une source importante, à condition que la ressource correspondante existe. Les technologies de pêche, pourtant, continuent de s’améliorer. Je me souviens, en 2002, alors que je naviguais de l’Australie à Hong-Kong, entre deux de nos traversées en clipper, à environ 1 500 miles au nord-ouest de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, avoir entendu, soudainement, le vrombissement caractéristique des pâles d’un hélicoptère. À 1 500 miles de la côte ?! Le repérage du poisson était en effet effectué, pour un thonier croisant à cet endroit, depuis un hélicoptère ! Ce procédé, outre son caractère peut équitable pour le thon, avait à n’en pas douter fait ses preuves, faute de quoi, étant donné son coût, il ne serait pas employé.
Je me souviens que la démographie, dans les années 1960 et 1970, faisait l’objet d’un grand nombre d’articles, d’études et de débats. L’une des questions était celle de savoir quelles pouvaient être les conséquences de l’expansion de la population sur les ressources, et dans quelle mesure les contraintes de ressources pouvaient influer sur l’évolution de la population. Je remarque que la question de l’augmentation de la population a disparu du débat public. Or non seulement le problème de la pêche elle-même, devrait continuer d’être traitée, mais également celui des ressources en eau, des autres ressources alimentaires et des emplois. Mais s’il n’est plus pris en compte, aucune solution ne sera recherchée ni a fortiori définie.
Je ne dispose pas de données sur le poisson des mers où nous croisons. Il me semble qu’un moins grand nombre de poissons volants, dans les tropiques, s’échouent sur le pont du bateau. Nous avons peut-être plus de petites crevettes que pour d’autres traversées, ici, vers le Sud. Ces deux observations, c’est évident, ne méritent pas d’être incluses dans le débat scientifique. Nous devons nous en remettre, pour des estimations valables, comme pour d’autres sujets, aux experts tels que le Dr. Ambrose Jearld et à la recherche mondiale sur les pêcheries.