Connexions vidéo

Il a fait gris, gris, gris, toute la journée, alors que nous nous trouvions entre deux systèmes dépressionnaires. Puis, comme dans la chanson de Camelot – « For one brief shining moment » –, nous avons eu du soleil, et la température a fait un bond à 18 degrés centigrade. J’ai sauté sur l’occasion pour prendre une douche et me laver les cheveux dans le cockpit, car la dernière remontait à deux, trois, peut-être quatre semaines auparavant, quelque part au large du Brésil ! Je pensais qu’il pouvait être intéressant de vous montrer une partie du processus. J’ai réalisé une petite vidéo.

Prenez un peu d’eau de mer du robinet de l’évier (il est trop dangereux, à cette vitesse, d’essayer d’en attraper avec un sceau depuis le bateau – il pourrait vous entraîner par-dessus bord). Remplissez la douche solaire d’eau douce et faites-la chauffer au soleil. Puis plongez votre tête dans un sceau d’eau de mer, et mettez le shampooing dans vos cheveux. Après les avoir bien fait mousser, rincez-les dans le sceau d’eau de mer, puis de nouveau avec de l’eau douce sous le sac de la douche solaire suspendu. Réitérez la procédure pour le reste de votre douche !

Nous avons également participé à Vendée Live pour la première fois. Nous avons pu établir la connexion et réaliser l’interview vidéo par satellite avec le studio du QG du Vendée Globe établi au pied de la Tour Eiffel. J’y ai pris un immense plaisir, et ce notamment en raison de la présence, au QG, d’un expert, Michel Desjoyeaux, double vainqueur du Vendée Globe. Il avait longuement échangé avec moi, par email, en hiver, avant mon Vendée Globe de 2008. Ses conseils avaient été d’une aide immense. Ce fut même un bel exemple d’internationalisme, car je lui envoyais mes questions en français, et il me répondait en anglais. Les grands navigateurs français ont des surnoms, le sien est « Le Professeur », en raison de l’éventail de ses connaissances, et de sa manière de les partager. Cet échange l’a parfaitement illustré. J’ai donc été amené à m’entretenir avec Le Professeur, que je considère comme « Mon Professeur », dans le cadre de Vendée Live, et ce fut un plaisir immense.

Nous avons navigué, toute la nuit, avec deux ris et le gennaker fractionné. Et quand le vent a forci, à 25-30 nœuds, avec quelques pics supérieurs encore, j’ai roulé cette voile et nous sommes passés à la trinquette. Nous allons pratiquement aussi vite, avec cette vitesse de vent, qu’avec le gennaker, qui est quatre fois plus grand. Nous obtenons donc la même vitesse en sollicitant beaucoup, beaucoup moins le bateau, les voiles, le mât et le gréement.

Mais ce qui arrive une fois, souvent, finit par se produire de nouveau. Et une fois le gennaker roulé et la trinquette réglée, le vent est retombé à 20 nœuds, et nous avons ralenti. De tels coups de vents font un peu peur, parfois, et j’oublie la notion de « retour à la norme ». C’est à dire dire que si vous réalisez une certaine moyenne, pendant longtemps, pour quoi que ce soit, et que vous obtenez des résultats différents pendant un certain temps, vous finirez toujours par retourner à votre moyenne. Donc si j’avais pu conserver la voilure que nous avions, et oublier le risque de coup de vent et la peur, la grande voile serait demeurée en place, et nous aurions couvert un plus grand nombre de milles cette nuit.

Mais j’ai du mal, quand le bateau fuse à des vitesses jamais atteintes, et que je suis seul, dans l’obscurité, à des milliers de milles de la terre, à mettre ma peur de côté. Nous avons donc perdu quelques milles la nuit dernière. Mais j’ai pu mieux dormir !

Position
44° 22’S x 102° 43’E
Cap
104° vrai
Vitesse
15,1 nœuds
Vitesse du vent réel
22,3 nœuds
Direction du vent réel
323°
Journal
12,314 nm
Voilure
Deux ris dans la grand-voile, gennaker fractionné
Température de l’air
57° F / 13,8° C Cabine du cockpit
Température de la mer
54,6 F / 12,5° C