Une autre longue journée et nuit Après le passage du front, entre les deux systèmes de haute pression, où nous étions loin de trouver autant de vent que ce à quoi nous nous attendions, nous avons fait route vers l’est et, bizarrement, de nouveau vers le front. Nous escomptions un changement de direction du vent, ce qui nous permettrait de virer pour un cap vers le sud plus favorable.
Ça a semblé commencé à se produire environ 10 heures avant ce qui avait été prédit. Le vent a soudainement commencé à changer de direction. J’ai attendu environ une demie heure pour voir si le vent demeurait le même, et ce fut le cas. Peut-être, dès lors, fallait-il virer. C’est ce que nous avons fait.
Ellen MacArthur, après le Vendée Globe de 2000, qu’elle a terminée deuxième, a écrit un livre, dont l’un des chapitres était intitulé « The 30 Minute Tack » ou « Trente minutes pour virer », soit le temps que cela prend en solitaire avec un Open 60.
Il faut tout d’abord déplacer les voiles au vent au niveau du coqueron avant. Si vous le faites avant de virer, vous pouvez essayer de les enrouler (en de longues saucisses, comme les sacs des voiles), de la partie supérieure à la partie inférieure, car la partie supérieure est appelée à faire office de partie inférieure. Le poids doit être placé là où il est susceptible de s’avérer le plus utile. Mais attention aux mouvements de la bôme vers le haut et vers le bas, et au risque de se voir propulser sur le côté par la houle, car pendant que vous vous préparez pour le virement de bord, le bateau continue d’avancer. Vous pouvez facilement vous faire éjecter de l’autre côté du coqueron si vous perdez votre équilibre ou si vous lâchez prise. De plus, notre gennaker pèse 75 kilos, et si vous naviguez au vent et essayez de l’orienter autrement, et bien disons que vous ne voudriez pas qu’il vous passe dessus, car il pourrait très bien vous casser une jambe ou un bras ou vous clouer là pour je ne sais combien de temps. Dominique Wavre, qui a navigué à bord de ce bateau avant nous, a disposé 10 petites poulies et petits agrès de 3 pouces sur 1 dans le coqueron avant pour faciliter la traction et la manœuvre de ces voiles. Cela fonctionne parfaitement. Toujours est-il que j’ai enroulé et mis en place le gennaker, puis j’ai enroulé et affalé le petit gennaker par-dessus le grand gennaker. J’ai alors installé un grand filet qui puisse être tiré jusqu’au toit pour attraper les voiles et les maintenir en place après le virement.
J’ai commencé, entre temps, à purger le premier ballast avant tribord, et les deuxième et troisième ballasts tribord médians, qui contenaient, à eux tous, environ deux tonnes d’eau. Nous disposons d’un tuyau, appelé « scoop », que l’on enfonce dans l’eau par le fond de la coque et qui, selon qu’il est dirigé vers l’avant ou vers l’arrière, aspire l’eau pour remplir les ballasts ou les vider. Le bateau est doté de 10 ballasts, cinq de chaque côté, tous reliés à un système de plomberie central. Chaque ballast est muni de valves d’ouverture et de fermeture. Ainsi, pendant que je me battais avec les voiles, dans le coqueron avant, nous purgions les premier, deuxième et troisième ballasts.
Une fois tout cela en place, vous pouvez procéder au virement de bord. Amenez le bastaque au vent et chargez-le sur le winch ; choquez le nouveau chariot latéral afin que la grand-voile ne pousse pas le bateau au vent, après le virement de bord, avant que vous n’ayez pu amener le foc ; choquez aussi un peu l’écoute de grand-voile, pour ce même type de situation ; chargez la nouvelle écoute de foc sur le grand winch ; assurez-vous que l’écoute de foc est dégagée à l’avant ; placez une manivelle de winch dans le nouveau winch de bastaque ; effectuez un tour à partir de l’ancienne écoute de manière à pouvoir ensuite plus facilement l’actionner ; vérifiez tout autour que tout est en place.
Si tel est le cas, quand tout est vraiment prêt – car la manœuvre va se dérouler très rapidement –, et si vous opérez le virement de bord au moyen du pilote automatique, une fois que vous aurez appuyé sur le bouton, le bateau virera que vous soyez prêt ou pas, et il virera vite. Relâchez alors la quille pendulaire de manière à la ramener de sa bascule de 40 degrés vers le centre. C’est la dernière étape. Le bateau se soulève maintenant considérablement, et le chaos semble imminent.
Appuyez alors très précautionneusement sur les deux boutons d’un degré du pilote automatique pour le virement de bord. Vous avez dix secondes. Prêt ? Allez, appuyez ! Précipitez-vous sur l’écoute de foc et desserrez le winch de quatre tours pendant que le bateau tourne et que le foc commence à battre à tout-va, près du nouveau winch de bastaque, et serrez-le bien jusqu’à la marque prédéfinie. Puis précipitez-vous de nouveau de l’autre côté du poste de pilotage, au niveau de l’ancien winch de bastaque, et relâchez-le afin que la bôme de la grand-voile puisse s’écarter pour ne pas de nouveau pousser le bateau dans le vent. Saisissez alors la nouvelle écoute de foc et tirez dessus de toutes vos forces, en espérant que le foc a effectivement basculé vers l’avant et, si tel est le cas, une fois le surplus en place, précipitez-vous sur la colonne de winch, pour laquelle une grande vitesse a été présélectionnée pour le nouveau winch d’écoute de foc, et tournez la manivelle comme si votre vie en dépendait. Une fois le bateau relancé à une vitesse adéquate, vous pouvez respirer un peu, et pousser un soupir de soulagement. Si le bateau était ramené dans le vent, il s’immobiliserait, les alarmes du pilote automatique s’enclencheraient, et le bateau commencerait à avancer, menaçant les gouvernails.
Une fois le virement de bord effectué, dix minutes de tours de manivelle sont nécessaires pour remettre le foc et la grand-voile en place. Appuyez sur le bouton pour basculer la quille pendulaire, puis redescendez et commencez à de nouveau remplir les ballasts de l’autre côté.
Waouh !
Nous avons finalement dû réitérer cette manœuvre trois fois hier. Notre premier virement de bord a fonctionné, mais le vent n’a pas conservé la direction qu’il avait prise longtemps, par conséquent nous avons dû de nouveau virer de bord. Puis, tard dans la soirée, une nouvelle carte météo et un nouveau cap suggéraient que nous virions encore une fois de bord. Troisième virement de bord, donc, à minuit, tous phares allumés. Une fois la manœuvre effectuée, nous avons commencé à faire route vers le sud.
Tout cela explique pourquoi nous avons un nombre de tours de manivelle de winch si élevé aujourd’hui !
Position
25° 07’S x 16° 32’O
Cap
166°
Vitesse réelle
10,7 nœuds
Vitesse du vent réel
14.1 nœuds
Direction du vent réel
113°
Plan de voilure
Grand-voile avec un ris plus solent
Température de l’air
77° F / 25° C
Température de la mer
83° F / 28,3° C
Tours de manivelle sur colonne de winch (par jour) | Ampères-heures : Alternateur (total) | Ampères-heures : Solaire (total) | Ampères-heures : Hydraulique (total) | Ampères-heures : Éolien (total) |
2026 | 1294 | 243 | 5374 | 811 |