Notre plan de nous maintenir à l’Est, à l’avant de la dépression suivante, s’est avéré judicieux. Nous y sommes globalement parvenus, mais nous avons été rattrapés par le front avant de la dépression, alors que celle-ci se déplaçait vers le Sud-Est. De plus, du fait de la combinaison de plusieurs systèmes anticycloniques en un système majeur dans le centre du Pacifique, nous n’avions d’autre choix que de nous diriger nous-mêmes vers le Sud-Est afin, au bout du compte, de nous glisser entre le mur de la Zone d’exclusion antarctique et le système anticyclonique. La ZEA, de nouveau en train de pointer son vilain bout du nez, nous prive d’un certain nombre d’options. L’itinéraire vers le Sud-Est a par conséquent réduit notre marge de manœuvre, à l’Est de la bordure de la dépression, et donc nous sommes coincés.
Nous avons eu, aujourd’hui, ce dont nous n’avions pas beaucoup eu jusqu’à présent : du soleil et du ciel bleu. J’avais presque oublié ce que c’était que de naviguer au soleil. C’est beau. La grosse houle qui prévalait s’était un peu calmée, et la sensation de roulement s’était atténuée. Nous étions sous génois et un ris dans la grand-voile, et faisions un 14-15 nœuds constant. Les miles ainsi effectués étaient donc les bienvenus.
Nous continuons d’engranger les miles, à un rythme satisfaisant, mais c’est désormais plus difficile. Nous avons réduit la voilure à la trinquette et deux ris dans la grand-voile. Le vent a tourné de Nord à Nord-Est, et nous nous apprêtons à trouver une mer grossissante, le vent étant maintenant de 25 nœuds. Nous aurons de 12 à 18 heures de cela, avec seulement un peu de répit, et une évolution favorable de la vitesse de vent de 10 nœuds au cours de ce laps de temps.
Le fracas et le martèlement des vagues ont repris. Un aspect que nous n’avons pas souvent mentionné est le suivant : comment préparez-vous à manger quand la cuisine (le rouf) remue dans tous les sens ? Nos plats étant lyophilisés, je dois verser de l’eau bouillante dans un petit sachet. C’est dangereux. Je porte de gros gants de marin, qu’on pourrait prendre pour des gants de ski, le gauche pour tenir le sachet, le droit pour tenir la bouilloire. Puis j’attends ce qui peut avoir l’air d’un point plus calme de la mer, et je verse l’eau. Il est facile d’en renverser un peu à côté – les gants sont une protection essentielle. Ce soir c’est dinde Tetrazzini et mélange de légumes. Je fais également un quasi-dîner, à minuit, une brique de nouille Ramen avec du thon, à quoi il m’arrive d’ajouter deux sachets de soupe à la tomate Heinz, ce qui devient ensuite une sorte de sauce spaghetti. C’est une bonne combinaison.
Je suis allé à l’arrière, dans la cambuse, pour vérifier l’appareil à gouverner hydraulique. J’ai revêtu mon casque, car c’est violent, derrière, et plein d’angles métalliques. Je souhaitais vérifier un raccord, mais tout allait bien.
L’hydro-générateur est dans l’eau, et l’éolienne fonctionne, la charge requise pour le bateau étant ainsi assurée par ces deux systèmes, qui alimentent également la réserve des batteries.
Souhaitez-nous bonne change pour cette nuit.
Position
47° 11’S x 148° 12’O
Cap
120°
Vitesse effective
13,5 nœuds
Distance parcourue
17 575 nm
Vitesse du vent réel
22°
Direction du vent réel
039°
Voilure (cliquez pour le schéma du plan de voilure)
Grand-voile (deux ris), trinquette
Tours de manivelle sur colonne de winch (par jour) | Ampères-heures : Alternateur (total) | Ampères-heures : Solaire (total) | Ampères-heures : Hydrogénérateur (total) | Ampères-heures : Éolienne (total) |
1726 | 3882 | 1124 | 15 028 | 2559 |