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Nous sommes pratiquement arrivés à la latitude de Rio de Janeiro, qui constitue un beau jalon. Et au-delà, nous allons devoir traverser plusieurs zones dans lesquelles se trouvent un assez grand nombre de plates-formes pétrolières. Elles sont repérées sur la carte et disséminées dans une vaste région. Nous allons donc devoir redoubler de vigilance pendant 75 milles environ, du sud au nord.

Nous faisons un bon temps aujourd’hui, sous génois et grand-voile haute. C’est une belle journée pour naviguer à la voile, et la nuit dernière les conditions ont été bonnes aussi, après une période lamentable en début de soirée. Tôt dans la soirée, la brise est soudainement retombée à zéro. Nous n’avions de toute façon que 5 à 7 nœuds de vent avant ça. Il soufflait de l’est alors qu’il était censé venir du nord-est. Puis il a fait une saute au sud-est, 2 nœuds, 3 nœuds, c’était très bizarre. Le bateau a fait des cercles pendant 3 heures, ma frustration était à son comble.

J’ai dû arrêter le pilote automatique, juste au moment du coucher du soleil, alors que deux nuages s’approchaient amenant des pluies torrentielles. On aurait dit deux énormes pommes de douche accrochées dans le ciel, ouvertes à fond. Ne sachant pas s’ils amenaient du vent, et comme l’un deux se dirigeait droit sur nous, j’ai pris un ris. Tout de suite après, bien évidemment, la pluie s’est arrêtée et le nuage s’est éloigné. C’est vraiment un gros travail, 285 tours sur le moulin à café pour remettre de la toile en passant du premier ris à la grand-voile haute, à la plus basse vitesse. Mais j’ai eu raison d’être prudent.

Enfin, après 4 heures à tourner en rond, la brise a commencé à souffler dans la bonne direction et nous avons touché 5 nœuds de vent. Et 5 c’est beaucoup quand on part de zéro. Ça permet de naviguer. Et nous sommes repartis dans la bonne direction. Cet épisode a été très frustrant, alors que nous étions en plein milieu de la carte du fichier météo montrant de bons vents constants. Quoi qu’il en soit, il y a une leçon à en tirer : Nous étions près d’une zone où le vent était censé changer de direction et peut-être vaut-il mieux éviter de se trouver à côté des zones où les isobares se courbent.

La journée d’aujourd’hui a été bonne et nous avons bien avancé. Alan Roura est devant à environ 150 milles, un peu à l’est. Deux bateaux derrière sont en train de se rapprocher, ils sont à 350 milles. Fabrice et Arnaud ont pris de l’avance, vers le nord. Nous, nous continuons d’avancer peu à peu. Je me réjouis à l’idée de dépasser Rio, un beau jalon. Ensuite il y aura Salvador, ce sera le prochain jalon. Et le suivant sera Recife. Puis l’équateur !

https://youtu.be/rl-0-dvmR-E