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Un nouveau front dépressionnaire est passé la nuit dernière, 3 ou 4 heures plus tôt que prévu. Je faisais un petit somme et soudain, le bateau s’est mis à taper dans les vagues, bam, bam, bam, comme si nous naviguions au près. Or c’était le cas : avec l’arrivée du front, le vent avait tourné de 100 degrés et nous faisions cap plein Nord. J’ai enfilé mon équipement imperméable pour aller sur le pont et commencer la manœuvre que j’avais préparé en détail auparavant. Un empannage serait plus risqué qu’un virement de bord. J’ai donc enroulé la trinquette (nous étions sous trinquette et grand-voile à 3 ris) et procédé au virement de bord en passant par le bout au vent sous grand-voile seule, puis mis le cap plein Sud. Comme le front était arrivé très en avance, je me méfiais et j’ai surveillé très attentivement la direction du vent réel affichée sur l’écran. Celle-ci restant identique, il s’agissait bien du front prévu.

Comme le vent était tombé à environ 10-15 nœuds, j’ai décidé à contrecœur (car j’étais mort de fatigue) de larguer un ris pour établir la grand-voile au 2e ris avant de rentrer faire un somme. Cette opération effectuée, 180 tours de moulinet sur la colonne, j’ai dormi pendant une heure et je me suis réveillé alors qu’il commençait à faire jour.

Hier soir, j’ai eu deux échanges d’e-mails formidables avec mes amis Alan Roura et Éric Bellion, qui sont quelque part tout près dans l’océan. Alan avait passé une nuit effroyable il y a quelques jours, son bateau étant parti au tas et s’étant quasiment couché avec le mât dans l’eau, et l’eau embarquant dans la cabine. Il a mis une heure à rétablir la situation. Et Éric s’était dérouté vers le Nord, pour se trouver dans des conditions plus calmes afin de remplacer un safran endommagé par un safran de rechange. Il m’a dit que cela lui avait pris 11 heures d’affilée et qu’il était épuisé.

À 5 nuits du départ, Éric nous avait invités Alan et moi à dîner dans sa maison de location, et nous avions passé une excellente soirée. Nous sommes un bel exemple de camaraderie intergénérationnelle : Alan 23 ans, Éric 40 ans et moi 63 ans. Nous avons et poursuivons tous les trois le même rêve et il se trouve qu’à ce moment de la course, nous sommes tous les trois à une centaine de milles les uns des autres. Il règne un merveilleux sentiment de camaraderie entre les navigateurs solitaires.

https://youtu.be/26coeV6Nm80

 

Position
42° 30′ S x 39° 06′ E
Cap
106° Vrai
Vitesse
11,3 nœuds
Vitesse du vent réel
21,2 nœuds
Direction du vent réel
255°
Voilure
Grand-voile à 1 ris plus Gennaker fractionné
Température de l’air
63° F / 17,2° C
Température de la mer
60° F / 15,5° C

Tours de manivelle sur colonne de winch (par jour) Ampère-heure : Alternateur (total) Ampère-heure : Solaire (total) Ampère-heure : Hydro (total) Ampère-heure : Éolienne (total)
2 078 1 912 472 8 104 1 430