Un épisode de navigation

C’est un grand jour pour passer dans l’autre hémisphère. Nous avions traversé l’équateur, et hier nous avons traversé le méridien d’origine, en regardant la longitude Ouest devenir la longitude Est sur le GPS. Maintenant, nous sommes complément en dehors de notre zone de confort, nous avons quitté les hémisphères Nord et Ouest !

Pendant la nuit, alors qu’un nouveau souffle arrivait, nous avons décidé de nous diriger vers l’est pour laisser le plus gros de la tempête nous dépasser par le sud. Nous avons navigué avec deux ris sur la grand voile et le gennaker fractionnaire. Au milieu de la nuit, nous avons eu un vent de 30 nœuds totalement imprévu. Je me suis dit que cela pourrait encore s’aggraver, donc j’ai décidé d’enrouler le gennaker et d’utiliser une plus petite voile. Mais était-ce possible ? Pendant une période d’accalmie, avec un vent à 20 nœuds, j’y suis allé. En général, il faut 40 tours à vitesse maximale. À 30 tours, je n’en pouvais plus, et je suis passé en première vitesse pour pouvoir terminer le travail. Ensuite j’ai déroulé le solent, et ai poursuivi dans la nuit, toujours à grande vitesse.

Petit visiteur nocturne

L’une des choses que je pense avoir apprises, c’est qu’un peu plus de voile n’apporte en général qu’une amélioration marginale en termes de vitesse tout en provoquant des risques inutiles. Donc je commence de plus en plus à suivre mon intuition plutôt que les équations théoriques parfaites de l’ordinateur et les recommandations de navigation qui en découlent.

Hier soir, j’ai reçu un appel de détresse venu de la radio du Cap via l’unité Inmarsat-C. C’était à propos d’un vraquier en train de couler à 120 milles au nord de notre position. L’alerte demandait aux navires situés à proximité de se rendre vers cette position. Il y avait 19 membres d’équipage à bord. J’ai appelé les organisateurs de la course pour savoir s’ils avaient davantage d’informations, mais ils m’ont répondu que non. J’ai appelé les services de recherche d’urgence et la ligne de secours en France, et ils m’ont donné le numéro de leurs homologues au Cap. J’ai essayé de les appeler mais apparemment le numéro ne fonctionnait pas. C’est à ce moment-là que les organisateurs de la course m’ont rappelé et m’ont dit qu’ils avaient parlé avec les équipes de recherche et de sauvetage du Cap, et que je devais continuer ma course et ne pas dévier ma trajectoire. Cela m’aurait pris au moins 10 heures pour retourner à la position de ce navire. 30 minutes plus tard, j’ai reçu une nouvelle alerte qui annulait la précédente. Les 19 membres d’équipage avaient pu être sauvés, et le navire était désormais un danger pour la navigation, car il n’avait pas encore sombré.

Je me souviens très bien de la rigueur, du professionnalisme et de l’engagement de l’équipage du New Zealand Pacific, qui nous a sauvé au large du Cap Horn en 1190. Je voulais m’assurer d’honorer cette tradition du mieux que je pouvais.

Voici quelques uns des messages envoyés :
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LES 112 – MSG 1219 – NAV/METAREA Appel de détresse à zone : 7 – PosOk
NL BURUM LES 2-DEC-2016 17:25:02 033890
MAYDAY RELAY
SUITE MESSAGE DE DÉTRESSE RECU DU
NSU INSPIRE/3FID5 :
VRAQUIER ANTAIOS/D5FW3 EN
POSITION 34 01.1 S ET 001 11.4 E
LE NAVIRE COULE ET L’ÉQUIPAGE ABANDONNE LE NAVIRE
19 PERSONNES À BORD.
TOUS LES NAVIRES DE LA ZONE DOIVENT SE RENDRE VERS LA POSITION
DE DÉTRESSE ET TRANSMETTRE LE RAPPORT AU MRCC CAPETOWN
CAPETOWNRADIO/ZSC
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LES 112 – MSG 1287 – NAV/METAREA Appel urgent à zone : 7 – PosOk
NL BURUM LES 3-DEC-2016 04:19:08 045408
SECURITE
030040 UTC DEC 16
VRAQUIER ANTAIOS / D5FW3 EN TRAIN DE COULER EN POSITION 34-01.1S 001-11.4E
TOUT L’ÉQUIPAGE A ÉTÉ SAUVÉ
DANGER POUR LA NAVIGATION
VEUILLEZ ÊTRE TRÈS PRUDENTS
CAPETOWNRADIO/ZSC
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Position
35° 38’S x 04° 33’E
Cap
082° effectif
Vitesse
12,2 nœuds
Vitesse de vent effective
18,5 nœuds
Direction du vent effective
289°
Voiles
Grand voile avec 2 ris plus solent
Température de l’air
66° F / 18,8° C
Température de l’eau
66° F / 18,8° C