Nous avons progressé à une vitesse assez constante, toute la nuit, bien que moins élevée que les autres nuits, dans un système météorologique confus, dans lequel certains trouvent du vent, d’autres moins. J’ai essayé de me forcer à dormir davantage, dans la mesure où en l’absence de vent, il n’y a pas grand-chose à faire pour améliorer la vitesse.
Tout le monde avait en tête le gros coup de vent prévu pour ce soir. Ainsi, tôt ce matin, je suis allé à l’avant du bateau effectuer les changements de voile nécessaires. Le génois (notre grande voile au près de tête de mât), tout d’abord, qui était enroulé, a dû être affalé et emballé dans son sac sur le pont. Je l’ai emballé d’une manière dont je n’étais pas peu fier. Puis le gennaker de tête de mât a été enroulé, et détaché de son cadenas du haut du mât. Je m’efforçais, tout en le faisant descendre, de l’amener dans son sac de quatre mètres de long en forme de saucisse. Ces manœuvres requièrent un important effort physique, car le bateau bouge, le pont bouge, la voile se balance au-dessus de votre tête, tandis que vous faites en sorte de l’amener lentement, d’une main et, de l’autre main, ou plus exactement avec tout votre corps, de la guider jusque dans son sac. Le sac se ferme, d’un bout à l’autre, à l’aide d’une fermeture-éclair. Il est doté de sangles transversales que l’on serre le plus possible pour rendre le sac compact.
Et alors que j’étais assis sur le pont, les pieds contre le sac, tirant de toutes mes forces, de mes deux mains, sur les sangles, je repensais à mon ami John Aldridge, un pêcheur de homards de Nouvelle-Angleterre. Une poignée s’était brisée dans ses mains, dans la même position, le faisant basculer dans l’eau, depuis l’arrière de son bateau de pêche, alors que son coéquipier, Anthony, était hors de vue et endormi. Malgré les cordes de sécurité qui me maintenaient, j’étais conscient du danger. L’histoire de John est incroyable. Puis j’ai attaché la drisse de foc de tempête au sac, j’ai hissé le sac verticalement et je l’ai jeté dans l’écoutille du coqueron avant. Je me suis introduit dans l’écoutille avec lui, et je l’ai placé au milieu du navire, car il fallait alors que j’extraie le petit gennaker de l’écoutille. J’ai dézippé le sac, j’ai saisi la tête de la voile, et je l’ai extraite de l’écoutille. Je l’ai attachée à sa drisse et je l’ai hissée un peu, avant de retourner au poste de pilotage pour dérouler le solent – de sorte que nous ne nous retrouvions pas « la tête nue » (sans aucun foc avant) –, tout en hissant le petit foc. Une fois le foc hissé, j’ai testé les cadenas – je les ai ouverts, fermés, ouverts, fermés – par acquit de conscience, et j’ai inscrit des repères, sur le mât, de manière très précise, en fonction de ce que j’avais observé.
De retour au poste de pilotage, j’ai enroulé le solent et déroulé le petit gennaker, qui s’est défait à grande vitesse dans un bruit cinglant. Je l’ai ajusté, et nous avons repris notre progression.
J’ai pris un ris dans la grand-voile, en fin de matinée, avec un vent de 20 nœuds. Nous avons atteint des vitesses de 20 nœuds. Plus tard, quand la brise s’est renforcée, aux environs de 25 nœuds, j’ai pris notre deuxième ris. Puis le vent, bien entendu, est retombé à 6 nœuds. Mais sachant qu’il se renforcerait de nouveau, j’ai décidé de poursuivre ainsi, afin de m’épargner l’effort physique qui aurait était nécessaire pour hisser de nouveau la grand-voile, pour un effet de courte durée.
Position
33° 20’S x 10° 21’O
Cap
105° Réel
Vitesse réelle
13,0 nœuds
Vitesse du vent réel
17,6 nœuds
Direction du vent réel
346° Réel
Plan de voilure
Grand-voile avec deux ris, plus petit gennaker
Température de l’air
72° F / 22,2° C
Température de la mer
80° F / 26,6° C
Tours de manivelle sur colonne de winch (par jour) | Ampères-heures: Alternateur (total) | Ampères-heures: Solaire (total) | Ampères-heures: Hydraulique (total) | Ampères-heures: Éolien (total) |
1542 | 1264 | 307 | 6265 | 937 |