Notre périple en mer poursuit son cours. Les deux ou trois premiers jours, il s’est agi de survivre à un certain nombre de grains, et de réparer le chariot de lattes et la pompe de l’hydro-générateur. Celui-ci semble désormais fonctionner, bien qu’avec un tuyau rafistolé. Ayant passé un certain temps à l’intérieur du boîtier du générateur, je sais maintenant ce sur quoi je dois garder un œil, et j’effectuerai une vérification au moins une fois par jour. Nous avions eu la bonne idée de munir l’un des planchers d’une petite lucarne en verre à travers laquelle l’état du convertisseur puisse être vérifié plus facilement, afin de contrôler qu’il ne chauffe pas. Les panneaux solaires et l’éolienne font office de système redondant, mais l’hydro-générateur peut générer suffisamment de courant s’il fonctionne correctement.
La grande nouvelle à propos des 24 dernières heures à bord est que j’ai beaucoup dormi la nuit dernière. Le vent est stable, tant du point de vue de sa direction que de sa vitesse. J’avais pris un deuxième ris dans la grand-voile, à minuit, juste après une forte rafale qui avait fait augmenter notre vitesse à plus de 20 nœuds. C’était également juste après avoir appris de Joff Brown par e-mail que l’extrémité du mât de notre ami Tanguy De Lamotte s’était brisée, et que celui-ci avait dû effectuer un détour par les îles Cap-Vert, où il allait tâcher de procéder aux réparations nécessaires. Je suis de nature prudente lorsque je navigue, mais j’ai un peu poussé le bateau, avant de décider de ralentir un peu l’allure. Conformément au plan de navigation de qualité en place, j’ai tout d’abord dormi dans la couchette au vent, puis au niveau de la table à cartes et, enfin, dans la couchette sous le vent. C’est là que j’ai dormi jusqu’à ce que la minuterie de cuisine fixée avec le velcro au plafond de la cuisine à 30 centimètres au-dessus de ma tête retentisse. J’ai dormi d’une traite pendant quatre heures. Du jamais vu. Ce n’était pas sans besoin. Puis je suis allé sur le pont. J’ai regardé autour de moi. Rien à signaler, les conditions étaient stables. Puis je suis retourné me coucher deux fois, à chaque fois pour une heure.
Ce matin, j’ai fait fonctionner le dessalinisateur pour fabriquer de l’eau potable. J’ai rempli la douche solaire (un sac d’eau chauffé par le soleil). J’ai mis du scotch et inscrit des marques sur notre écouteur Bluetooth, afin de voir s’il fonctionnait mieux avec le téléphone Iridium que nous avons réparé. J’ai mangé du granola et des raisins au petit-déjeuner. J’ai téléchargé un fichier météo, afin de procéder à une analyse d’itinéraire en deux points de l’entrée du Pot-au-noir. J’ai également examiné trois photos satellite du Pot-au-noir prises quelques heures avant, toutes deux en lumière infrarouge et visible. J’ai étudié l’analyse tropicale pour la détection des éventuelles anomalies atmosphériques en provenance de l’Afrique de l’ouest susceptibles de se transformer en dépressions tropicales. J’ai revu les notes de l’étude que nous avions effectuée avec Jean-Yves Bernot (un routeur météo extraordinaire), en 2008 (sur cinq jours), et en 2016 (sur trois jours), sur l’approche du Pot-au-noir. J’ai regardé à quel endroit le reste de la flotte se trouvait. J’ai inscrit notre fanion quotidien, le « US Yacht Ensign ». Je suis allé à l’avant du bateau afin d’inspecter le dispositif du petit gennaker, et j’ai inspecté les deux chariots de latte du bas et celui que nous avons remplacé. Et maintenant, je vous écris !
Position
21° 54’N x 24° 24’O
Cap
203°
Vitesse effective
16,8 nœuds
Plan de navigation
Petit gennaker plus grand-voile avec deux ris
Sens du vent effectif
068°
Vitesse du vent effective
17 nœuds
Tours de manivelle (par jour) | Ampères-heures : Alternateur (total) | Ampères-heures : Solaire (total) | Ampères-heures : Hydraulique (total) | Ampères-heures : Éolien (total) |
789 | 1069 | 82 | 753 | 404 |