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Notre navigation à grande vitesse avec le grand gennaker fractionné d’hier était incroyable. Nous avons atteint 27,5 nœuds, pour un vent de 29 nœuds. En ce qui me concerne, j’attends toujours la deuxième partie de l’histoire. Ces vitesses, qui peuvent sembler naturelles à Armel Le Cléac’h ou à Alex Thomson, en tête de flotte, le sont beaucoup moins pour moi. J’ai donc roulé cette voile, avant la tombée de la nuit, et déroulé la petite trinquette, sur à peu près 25 % de sa surface. Nous avons gardé deux ris dans la grand-voile. La météo prévoyait un renforcement du vent jusqu’à 30 nœuds au cours de la nuit.

Nous avons fait la démonstration du concept de « courbe de puissance », en vertu duquel, pour une accélération de 10 %, une augmentation de puissance nettement supérieure à 10 % est nécessaire. Nous avons atteint 26,2 nœuds, avec la trinquette, avec 27 nœuds de vent. Donc toute la puissance supplémentaire déployée par le gennaker fractionné n’a produit qu’un nœud de plus. Ces comparaisons sont approximatives, bien sûr, mais l’argument n’en est pas moins pertinent. Si les derniers 0,5 nœuds n’important pas vraiment (nous ne cherchons pas le podium), alors on peut considérablement réduire les charges sur le bateau en diminuant la surface des voiles.

Nous avons eu une rencontre intéressante, hier soir, avec le skipper irlandais Enda O’Coineen. Après la tombée de la nuit, la VHF (utilisée pour les communications à courte portée) s’est animée : « Great American IV, Great American IV, ici Kilcullen Voyager, Kilcullen Voyager, répondez s’il vous plaît ». J’ai répondu, et nous sommes restés en contact, au cours des quatre ou cinq heures suivantes, via la VHF ou le téléphone satellite. Enda avait bifurqué vers le Nord, après l’important système dépressionnaire, pour tenter de réparer son ordinateur. Lorsque les rapports de position ont fait apparaître qu’il revenait en direction de la flotte, je pensais que cela voulait dire qu’il y était parvenu. Mais non, malheureusement, il était toujours sans GPS et cartes papier. Son IAS (qui permettrait d’afficher sa position sur l’écran de mon ordinateur) ne fonctionnait pas, et son radar l’avait déjà lâché, plus tôt dans la course. Il avait reçu la permission de la direction de la course de se procurer la météo, par téléphone satellite, auprès des services de la côte, qui l’avaient informé qu’il était en train de nous rattraper et que nous nous trouvions à proximité.

Il m’a donc communiqué sa position. Je l’ai entrée dans mon ordinateur, et j’ai pu voir qu’il se trouvait à 11 milles derrière et vers l’ouest-nord-ouest. Nous avons répété l’opération deux ou trois heures plus tard, et nous avons constaté qu’il avait croisé notre sillage et qu’il ne se trouvait qu’à cinq milles. Après avoir longtemps essayé de le voir, j’ai fini par apercevoir son feu de mât. Il n’a jamais vu le nôtre. Il n’est pas apparu sur notre écran radar, car il se trouvait si directement dans notre sillage que le mât, sur la face antérieure duquel le radar est situé, faisait écran. Il filait à grande vitesse (tout comme nous !), avec un ris dans la grand-voile (nous en avions deux). Un problème à l’intérieur de la bôme l’empêchait de manier sa deuxième et sa troisième bosses de ris et de réduire la grand-voile.

Il était également sous une surface de solent (deuxième foc) plus importante que celle de notre trinquette (troisième foc). Il fusait et gagnait du terrain, mais ne pouvait rien voir de ce qui était susceptible de se trouver sur son itinéraire. J’ai reçu, dans les heures suivantes, un autre rapport de position de la direction de la course. J’ai alors pu constater qu’il nous avait dépassés, par le sud, à environ cinq milles. Enda s’est montré particulièrement ingénieux, lors de précédentes réparations, et je lui fais confiance pour celle-là aussi. En attendant, c’était sympa d’entendre sa voix, et de discuter de l’AIS pour essayer de l’aider à trouver une solution. Bonne chance Enda !

Position
44° 14’S x 110° 16’E
Cap
099°
Vitesse réelle
15,5 nœuds
Vitesse du vent réel
25,9 nœuds
Direction du vent réel
327°
Journal
12, 681 nm
Voilure
Deux ris dans la grand-voile, trinquette
Température de l’air
55 °F / 12,7 °C cabine cockpit
Température de la mer
54,6 °F / 12,5 °C

Tours de manivelle sur colonne de winch (par jour) Ampères-heures : Alternateur (total) Ampères-heures : Solaire (total) Ampères-heures : Hydraulique (total) Ampères-heures : Éolien (total)
202 2903 503 11, 250 1643