Le transport maritime est une industrie invisible et pourtant essentielle. Environ 90 % des marchandises, dans le monde, sont transportées jusqu’à leur destination par navire. Il se peut que vous aperceviez, un navire, de temps en temps, depuis la terre, si vous vivez à proximité d’un port. Au niveau des goulets d’étranglement des itinéraires des navires tels que le canal de Panama et de Suez et les détroits de Malacca et de Gibraltar, vous pourrez voir un grand nombre de navires, de toutes sortes, et leurs immenses cargaisons.
Nous avons franchi le cap Finistère (la « fin de la terre »), le coin nord-ouest de l’Espagne. Les navires en provenance d’Amérique du Sud, d’Afrique, de Mer méditerranée et d’Asie faisant route vers les ports d’Europe du Nord, via le canal de Panama, longent tous ce coin de terre, quelle que soit leur direction. En raison du risque de collision posé par le phénomène de congestion qui s’y produit, combiné à la férocité des tempêtes qui sévissent, l’hiver dans la baie de Biscaye, il a été jugé important d’organiser le passage des navires au niveau de ce coin de terre prononcé. Ainsi, tel les lignes peintes sur une autoroute, celles des zones de séparation du trafic apparaissent sur la carte, les navires étant tenus d’emprunter leurs voies respectives. La zone est constituée de quatre voies d’une largeur d’environ 6,5 km chacune, pour une largeur totale de la zone de 35 km.
Les navires sont repérés par le système d’identification automatique (SIA), et représentés sur notre carte informatique (en fonction de leur position, de leur direction, de leur vitesse et de leur type). J’ai pu voir, la nuit dernière, un pétrolier, un cargo de blé, un navire de croisière, de multiples porte-conteneurs et un transporteur de marchandises diverses.
Nous avons franchi ce coin de terre (et subi l’un de ces fameux coup de vent de la baie de Biscaye !), à bord du New Zealand Pacific, en 1990, après avoir été secourus par ce bateau, au large du cap Horn, suite à notre double chavirage, au cours d’un itinéraire de 18 jours en direction de Vlissingen, aux Pays-Bas. Ce navire était, à l’époque, le plus grand porte-conteneur réfrigéré au monde. Le navire était fascinant de par sa complexité technique, et l’équipage époustouflant de par ses compétences, sa diligence et son ardeur à faire fonctionner un tel navire, dans un environnement hostile. Et tout cela, sur Terre, passe inaperçu !
La prochaine fois que vous faites le plein d’un carburant acheminé depuis l’étranger par un pétrolier, que vous mangez un sandwich à base d’un pain fabriqué avec de la farine australienne arrivé à bord d’un vraquier, ou que vous enfilez une paire de chaussures transportées, par porte-conteneur, depuis l’Extrême Orient, pensez à ces marins au moral d’acier qui en ont assuré le transport, et remerciez-les pour leurs compétences et leur expertise !